L’Institut des statistiques en Nouvelle-Calédonie va enquêter sur les violences

L’Institut des statistiques en Nouvelle-Calédonie va enquêter sur les violences

En début 2021 une enquête statistique va être lancée par l’ISEE-NC sur le territoire. Cette étude « Cadre de vie et sécurité » s’intéressera à toutes les violences : injures, vols, agressions… Notre partenaire Actu.nc s’est entretenu avec Olivier Fagnot, directeur de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) de Nouvelle-Calédonie.

Comment est né le projet d’une telle enquête ? 

C’est l’une des actions décidées à la suite du Grenelle sur les violences conjugales en novembre 2019. Les dernières statistiques concrètes datent de plus de vingt ans et ce sont des chiffres très demandés. Le gouvernement et l’Etat ont donc commandité cette enquête statistique « Cadre de vie et sécurité ». Elle ne s’intéressera pas seulement aux violences intrafamiliales et concernera toutes les atteintes, aux biens (vol de véhicule, cambriolage) et aux personnes (insultes, violences physiques, psychiques et sexuels).

Cette enquête a l’avantage d’avoir déjà été faite à plusieurs reprises en France métropolitaine depuis 2007 mais également dans d’autres territoires ultramarins, à la Réunion en 2011, aux Antilles-Guyane en 2015, à Mayotte cette année. Nous avons un vrai recul et une méthodologie éprouvée. Et nous pourrons comparer les résultats avec ceux des autres territoires puisque nous utiliserons le même questionnaire et la même méthode.

Justement, comment cette étude va-t-elle se dérouler ? 

Nous allons prendre un échantillon de 6300 logements tiré au sort dans la base de données du dernier recensement. C’est le plus large échantillon mobilisé en Nouvelle-Calédonie pour une enquête auprès des ménages ! Nous avons l’objectif d’avoir des résultats pour chaque Province, nous devons donc avoir un échantillon important.

Olivier Fagnot, ©Actu.nc

Olivier Fagnot, directeur de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) de Nouvelle-Calédonie ©Actu.nc

Une des personnes du logement (de plus de 14 ans), au hasard, sera interrogée. Il y aura deux questionnaires. Un concernant les biens et un concernant les atteintes sur la personne elle-même. Les personnes majeures répondront également à un questionnaire auto administré sur les violences sensibles (sexuelles, physiques et psychiques). Pour cette partie elles seront isolées, avec un casque et un ordinateur. Aucun membre du ménage ne pourra ainsi savoir ce qu’elle a répondu et l’enquêteur non plus n’y aura pas accès. Cette méthode totalement anonyme permet de libérer la parole. C’est la première fois que nous faisons ça sur le territoire.

Quand débutera-t-elle ? 

Nous sommes en train d’adapter les questionnaires à la Nouvelle-Calédonie, pour qu’ils soient cohérents avec les réalités du territoire et qu’ils soient bien compris par la population. Début septembre nous les testerons. Le but est de commencer l’enquête en janvier 2021 pour une durée d’environ six mois. Nous nous sommes engagés à produire les premiers tableaux de résultats fin 2021.

Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour effectuer cette enquête ? 

Il y a toujours eu un consensus : le besoin de nouvelles données chiffrées. Mais des choix ont dû être faits. Il y a eu les enquêtes sur le chômage et l’emploi par exemple. C’est une question de priorisation des opérations et de budgets. Ce n’est pas nous qui décidons dans tous les cas. Il faut se réjouir que cette étude soit faite maintenant ! Et il faut la refaire sans trop tarder ensuite.

Pourquoi la refaire ?

Lorsque nous publierons les résultats, des mesures politiques seront prises en fonction des indicateurs donnés par l’enquête. Une nouvelle enquête, quelques années après, permettra ainsi d’évaluer l’efficacité de ces politiques.

Propos recueillis par Sylvie Nadin