Des anciens Enfants de la Creuse au Ministère des Outre-mer lors de la mise en place d’une commission d’information sur les Enfants de la Creuse en février 2016 © Outremers360
Les ex-mineurs réunionnais victimes d’une migration forcée vers l’Hexagone orchestrée par l’État entre 1962 et 1984 ont réclamé jeudi que le gouvernement mette enfin en place les mesures préconisées il y a plus d’un an et demi par un rapport d’experts.
Au total, 2.015 jeunes Réunionnais ont été déplacés dans l’Hexagone entre 1962 et 1984, pour résoudre les problèmes de démographie galopante et de grande pauvreté que connaissait alors La Réunion. Certains n’ont jamais remis les pieds dans leur île, ni revu leur famille. On les a appelés les « Enfants de la Creuse », parce qu’ils ont notamment été accueillis dans ce département rural, mais au total ils ont été envoyés dans 83 départements.
En avril 2018, une commission d’experts, présidée par le sociologue Philippe Vitale avait rendu un rapport sur cet événement méconnu de l’histoire de France, préconisant notamment la mise en place de cellules psychologiques, des aides pour leur permettre de retrouver leur racines et leur familles, mais aussi l’instauration de lieux mémoriels à La Réunion et en métropole, la création d’une date de commémoration ou encore l’intégration de cet épisode dans les manuels scolaires et les travaux de recherche.
« Très peu de choses ont été faites »
« Depuis la remise du rapport en avril 2018 et ses préconisations, très peu de choses ont été faites, ou seulement des mesurettes, comme les billets d’avions » pour se rendre à La Réunion, a dénoncé lors d’une conférence de presse Me Elisabeth Rabesandratana, l’avocate de la Fédération des enfants déracinées d’Outre-mer (FEDD), qui regroupe plusieurs associations d’ex-mineurs réunionnais.
Aujourd’hui, « ils veulent que les préconisations soient mises en oeuvre », a-t-elle insisté, et notamment que leurs recherches pour retrouver leurs familles et comprendre comment l’Etat a pu organiser ces « transplantations » puissent « aller jusqu’au bout ». Mais « aujourd’hui, la lourdeur administrative fait qu’on n’avance pas », a déploré l’avocate.
Mise en place d’un centre de ressources
« Il faut des moyens », a expliqué Me Rabesandratana, réclamant la mise en place d’un « centre de ressources » pour « l’assistance et l’accompagnement juridique, administratif et psychologique des victimes et de leurs familles ».
Insistant sur l’idée d’une « réparation », elle a expliqué qu’elle devrait passer « à un moment donné » par « des excuses » de l’Etat. S’il n’est pas prévu de plainte collective contre l’Etat -plusieurs actions en justice ont déjà été menées par d’ex-mineurs, déboutés à cause des délais de prescriptions-, elle a expliqué qu’il pourrait y avoir des plaintes individuelles contre l’aide sociale à l’enfance ou des départements, notamment pour des « faux et usages de faux », car certaines victimes se sont vu créer de nouveaux états-civils pour effacer leur précédente identité.
Avec AFP