Les Cadis de Mayotte s’élèvent contre l’augmentation de la délinquance sur l’île. Ils appellent à une « Journée d’alerte à l’explosion sociale » le 23 février. El Mamouni Mohamed Nassur, leur porte-parole, a adressé un courrier aux institutionnels dans lequel il appelle, entre autre, à une réflexion collégiale.
Le constat est sévère. « Des jeunes mineurs qui prennent en otage tout une société de tradition paisible », qui « rackettent et poignardent devant et l’intérieur des écoles » et « ne reculent pas devant les plus atroces délits : viols en groupes filmés, agression par armes blanches, vandalisme,… ». Le Département français de Mayotte est devenu « un tableau apocalyptique », selon le courrier adressé par les Cadis aux représentants de l’Etat, du Département et aux acteurs de la sécurité. Les conséquences de ce constat de délinquance avancée sont elles aussi alarmantes. « Les médecins fuient, les enseignants honnissent, les touristes se détournent et les autochtones quittent ». S’ils saluent les efforts des forces de l’ordre, gendarmes et policiers, ils pointent néanmoins leur impuissance face au phénomène, « (ils) se battent comme de beaux diables mais sans pouvoir vraiment éradiquer ce mal qui ronge la société mahoraise ces dernières années », provoquant une « peur généralisée » et qui force « les habitants à se murer et à se barricader ».
Toujours selon les Cadis, les politiques calquée de l’Hexagone « trouvent aussi leurs limites », car la réponse doit également émaner de la société mahoraise, en réfléchissant à des outils à développer « pour maitriser ces mineurs car, après tout, ce ne sont que des mineurs qui doivent bien grandir pour devenir des adultes responsables ». La solution des Cadis ? Revenir à des « schémas simples », afin d’« endiguer définitivement ce fléau et (…) résoudre la problématique du développement d’un environnement de radicalisation ambiante ». Les Cadis de Mayotte invitent donc à une Journée d’alerte à l’explosion sociale, le 23 février 2016 à l’Hémicycle Younoussa Bamana, dès 8h. De nombreuses autorités de l’île et acteurs de la communauté seront présentes, notamment, Le préfet, le président du Conseil départemental, les maires de Mayotte, les parents d’élèves et de nombreux organismes publics et privés. À noter que contre la délinquance et pour l’insertion des jeunes de Mayotte, le maire de Mamoudzou a décidé d’équiper la capitale en caméras de surveillance et quatorze entrepreneurs ont décidé d’aller à la rencontre des lycéens.
Qu’est-ce qu’un Cadis ? C’est un juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses. Juge de paix et notaire, il règle les problèmes de la vie quotidienne : mariages, divorces, répudiations, successions, héritages,… C’est une spécificité locale liée au droit coutumier et au droit musulman mais définitivement disparu en 2010 par ordonnance. les Cadis restent tout de même des figures importantes et influentes à Mayotte. L’ordonnance prévoit d’ailleurs que les juges peuvent consulter les Cadis sur l’interprétation du statut coutumier.