Les avocats de la Guadeloupe en grève après un incident d’audience

Les avocats de la Guadeloupe en grève après un incident d’audience

Les avocats du barreau de la Guadeloupe sont entrés en « grève générale de toutes les juridictions avec un sit-in devant la cour d’assises en train de siéger », a annoncé jeudi l’ancien bâtonnier Roland Ezelin, « humilié » par un incident d’audience lundi.

Lundi, lors de la dernière journée du procès en appel d’un adolescent jugé pour le meurtre de Yohann Équinoxe, un lycéen tué de plusieurs coups de couteau pour son portable en septembre 2016, le dernier des cinq avocats de la défense, Me Ezelin, n’a pas pu plaider, « empêché » par la présidente du tribunal, selon ses confrères et lui. Prévu sur la journée de vendredi, le procès avait été renvoyé au lundi matin. « Lorsque nous sommes arrivés à 11h42, elle a d’abord demandé au mineur s’il avait quelque chose à ajouter pour sa défense comme si je n’existais pas » puis « la présidente a indiqué que le temps de la défense était échu et que je ne pourrais pas plaider », a expliqué Roland Ezelin.

« On ne peut pas empêcher un avocat en matière criminelle de dire ce qu’il a à dire », a dénoncé l’avocat, évoquant une « violation des droits de la défense et une humiliation personnelle ». « Toutes les juridictions de Basse-Terre ont accepté de ne pas siéger » jeudi, a précisé Me Ezelin. « Le bâtonnier a décidé qu’il ne ferait pas de désignation d’avocat d’office sans durée particulière » et « a suspendu la liste de désignation des avocats commis pour la semaine tant pour la garde à vue que pour les comparutions immédiates, les comparutions devant le juge des enfants et pour l’hospitalisation d’office ».

Dans un communiqué jeudi, le Premier président de la cour d’appel de Basse-Terre, Philippe Cavalerie, et le procureur général, Danielle Drouy-Ayral, se disent « attachés au plein exercice des droits de la défense » et « regrettent qu’un conflit ait pu naître » lors de ce procès. Ils précisent que « si l’exercice des droits de la défense autorise la plus grande liberté de parole, en revanche en aucun cas, la mise en cause d’un magistrat, membre d’une collégialité, ne saurait être tolérée » et que « les décisions peuvent naturellement être contestées par les voies de recours légales ».

L’accusé, âgé de 15 ans au moment des faits, avait été condamné à 14 ans de prison en première instance par le tribunal pour enfant. Il était jugé en appel par la chambre des mineurs statuant en matière criminelle, composée de trois juges. Le verdict a été mis en délibéré au 29 mai.

Avec AFP.