Un Amérindiens Kali’na à Kourou, lors du conflit social guyanais en avril dernier ©Jody Amiet / AFP
Le 13 septembre marque l’anniversaire des dix ans de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones contre les discriminations, pour leur protection et l’autodétermination.
Dix ans après le vote de la France devant les Nations unies en faveur des droits collectifs et individuels des autochtones, les « premières nations » se disent toujours victimes, en Guyane, de « discriminations » et de « marginalisation ».
« Comme si c’était normal de polluer la nature »
« Comment faire valoir notre regard sur la forêt par rapport au regard français ? », s’interroge James Panapuy, chef de la délégation « Oyapock » au Parc amazonien de Guyane. « À Camopi (sud-est, ndlr), les garimpeiros (orpailleurs) pillent la forêt, c’est une grande blessure pour nous et il n’y a personne pour dire qu’on va indemniser, comme si c’était normal de polluer la nature alors qu’on en vit et que ça amène du mal-être », a-t-il ajouté.
Le 13 septembre marque l’anniversaire des dix ans de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones contre les discriminations, pour leur protection et l’autodétermination. Le texte ouvre aussi le droit à des « réparations ». La France a signé cette déclaration mais elle « peine à prendre en compte » la dimension collective de leurs modes de vie et à « utiliser la dénomination ‘peuples autochtones’ au motif de ‘l’indivisibilité’ dans la République », notait en février la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH).
Toujours pas de « Grand Conseil coutumier »
Selon la CNCDH, les premiers habitants de Guyane « continuent à subir une marginalisation et un manque d’accès aux droits par rapport aux non-autochtones » notamment, « les femmes et filles » et les habitants de « l’intérieur ». « Le dialogue ne suffit pas. Notre action doit être centrée sur la protection des droits et sur une prise en compte des langues, des moyens de subsistance et des cultures », a estimé, dans un communiqué, Alexis Tiouka, conseiller municipal d’Awala Yalimapo, commune de l’ouest guyanais.
En avril, lors du long conflit social guyanais, l’ancienne ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts s’était déclarée pour une « révision de la constitution » afin de « poser un socle de protection et d’assurer une reconnaissance » des sept groupes qui représentent moins de 5% des Guyanais. En juillet, le gouvernement a annoncé la rétrocession prochaine de « 400.000 hectares aux peuples autochtones » (0,5% de la Guyane), après avis d’un « groupe de travail interministériel », dont les conclusions sont attendues pour « novembre 2017″. Un « Grand Conseil coutumier » avait été créé dans la loi Égalité réelle Outre-mer afin de porter les voix devant la collectivité territoriale de Guyane, mais il n’existe toujours pas. Ce point pourrait être abordé avec Emmanuel Macron qui se rendra en Guyane, pour la 22e Conférence des régions ultra-périphériques (RUP), prévue du 23 au 28 octobre.
Avec AFP.