©Eric Léon
Ce vendredi 13 octobre, l’Etablissement public foncier et d’Aménagement de la Guyane (EPFA Guyane) et la Ville de Saint-Laurent du Maroni, ont annoncé la création du Maroni Lab : « une force de propositions pour contribuer au développement urbain de Saint-Laurent du Maroni » dont l’objectif est de « produire des données et rassembler des informations, créer un espace de réflexion et fédérer les initiatives, accompagner des projets et générer des expérimentations urbaines », indique Léon Bertrand, maire de Saint-Laurent du Maroni.
« Structure hybride indépendante, transfrontalière, permanente et associative », le Maroni Lab s’inscrit dans les priorités adoptées à Quito lors d’Habitat III (droit au logement, transition écologique et énergétique, urbanisme démocratique et citoyen). Il a notamment été labellisé par le Ministère de la Transition écologique et solidaire et celui de la Cohésion des territoires en juin 2017. Un label qui devrait permettre d’« accélérer l’intégration des fonctions urbaines pour une plus grande performance environnementale, économique et sociale en facilitant l’innovation via des soutiens locaux et nationaux interministériels en charge de mobiliser les acteurs concernés pour faciliter le montage d’opérations », expliquent l’EPFA Guyane dans un communiqué.
Pour Léon Bertrand, le Maroni Lab « est une force de propositions pour contribuer au développement urbain de Saint-Laurent du Maroni et de son bassin de vie, de manière participative et inclusive en y associant l’ensemble des acteurs du territoire concernés par le développement urbain, qu’ils soient institutionnels, professionnels, associatifs, usagers ou habitants ». Selon l’EPFA Guyane, le Maroni Lab est né de « la nécessité de renouveler la manière de concevoir la ville guyanaise (…), face à la pénurie de foncier aménagé et l’explosion démographique ». « La Ville de Saint-Laurent du Maroni, située à l’extrême Ouest guyanais, sur une rive du fleuve Maroni, est d’autant plus impactée par la migration liée à sa frontière avec le Suriname », poursuit l’établissement foncier guyanais.
« C’est pourquoi la Ville a sollicité l’EPFA Guyane en 2012 pour l’accompagner dans l’élaboration de sa stratégie urbaine, au travers d’une approche unique de prospective urbaine en trois plans (plan programme, master plan et Nouveau Programme de Renouvellement Urbain) qui s’imbriquent dans le temps, d’aujourd’hui à 2060. Associés à l’AFD, ils ont fait appel à l’expertise des Ateliers de maitrise d’œuvre urbaine de Cergy-Pontoise, et organisé en mai 2016 un atelier international d’urbanisme sur le thème des solidarités territoriales et du développement urbain, pour anticiper les conséquences urbaines de la transition démographique », détaille l’EPFA Guyane.
Un territoire complexe
L’étude fournie par les Ateliers de Cergy a mis en exergue plusieurs caractéristiques de la Guyane et de la Ville de Saint-Laurent du Maroni :
• la complexité du territoire : coexistence de traditions multiculturelles fortes qui régissent des modes d’appropriation du foncier différents ; développement de quartiers informels et coutumiers sur un mode de construction pavillonnaire ; prise en compte des migrations notamment des communautés surinamaises et haïtiennes.
• la richesse du territoire : prégnance de la nature dans le développement urbain et diversité culturelle (Amérindiens, Bushinengués, Bagnards, Créoles, Chinois, Métropolitains, Hmongs, Haïtiens, Surinamais, Brésiliens…).
• le lien transfrontalier avec la ville d’Albina, située de l’autre côté du fleuve Maroni, au Suriname. Au regard de cette photographie partagée par tous, la création d’un laboratoire d’expérimentations urbaines est apparue pertinente. L’EPFA Guyane et la Mairie ont décidé de le créer conjointement sous forme d’une association indépendante.
Saint-Laurent du Maroni : une ville moyenne amazonienne en passe de devenir la première commune de Guyane du point de vue de la démographie
De 3 000 habitants en 1949, la ville est passée à 45 000 habitants en 2013 ; et les projections de l’INSEE prévoient entre 115 000 et 150 000 habitants à l’horizon 2030, soit près de 30 % de la population guyanaise. Cette forte croissance démographique annonce de profonds changements dans le fonctionnement de la ville. Son devenir économique est à consolider au regard de moteurs économiques qui restent à préciser, conforter ou inventer.
L’EPFA Guyane
Créé en 1996, l’EPAG (établissement public d’aménagement de Guyane) a changé de statut au 1er janvier 2017 pour devenir un EPFA (établissement public foncier et d’aménagement). Présidé par Rodolphe Alexandre, Président de la Communauté Territoriale de Guyane (CTG), et dirigé par Patrice Pierre (par intérim), il sera, cette année, doté progressivement de 5 803 hectares de foncier appartenant à l’État et recevra un financement d’environ 6 millions d’euros pour conduire les études nécessaires aux futures opérations d’intérêt national.
L’EPFA Guyane, à statut particulier, s’inscrit dans une perspective de développement cohérent et durable du territoire, adapté aux spécificités amazoniennes. Sa mission s’articule autour de trois axes : faire la ville amazonienne durable, dans le cadre de sa mission d’établissement public d’aménagement ; maîtriser le foncier pour les projets publics de demain dans le cadre de sa mission d’établissement public foncier ; contribuer au développement économique du territoire et participer au développement agricole de la Guyane.
Une OIN, à laquelle les élus de Guyane ont été associés, a été instaurée par décret le 14 décembre 2016. Elle s’organise autour de trois bassins d’urbanisation : Saint-Laurent du Maroni et Mana, Kourou, la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral, représentant 24 périmètres géographiques différents. La Guyane est la première opération d’intérêt national ultramarine. Elle sera mise en œuvre par l’EPFA Guyane.