« Le jour où les Antilles feront peuple » : Le manifeste sans concession, mais empreint d’espoir de l’auteur antillais Matthieu Gama

« Le jour où les Antilles feront peuple » : Le manifeste sans concession, mais empreint d’espoir de l’auteur antillais Matthieu Gama

Dans son ouvrage intitulé « Le jour où les Antilles feront peuple », l’auteur antillais, Matthieu Gama nous livre sa vision de l’identité antillaise. Une analyse rigoureuse et sans concession, mais néanmoins optimiste de la situation et du devenir des sociétés antillaises. Un premier essai d’une centaine de pages édité à compte d’auteur et préfacé par l’écrivain guadeloupéen, Ernest Pépin. Éclairage.

Matthieu Gama a-t-il voulu juste jeter un pavé dans la mare et secouer le cocotier pour faire réagir en proposant cet essai au titre quelque peu provocateur « Le jour où les Antilles feront peuple » ?  Rien n’est moins sûr ! En tout cas, volonté réelle ou supposée, son ouvrage – le premier – paru en autoédition, ne devrait pas passer inaperçu tant il se veut dérangeant pour l’élite politique et intellectuelle des Antilles.

Car si peuple signifie, selon la définition du Larousse « communauté de gens unis par leur origine, leur mode de vie, leur langue et leur culture », faire peuple, c’est donc s’unir autour de ces dénominateurs communs. Faire peuple, c’est mettre en commun ces valeurs. Or, à en croire Matthieu Gama, les Antilles sont loin du compte. La faute selon lui à « l’esclavage qui a appris à survivre, mais qui nous a empêché d’apprendre à vivre en peuple ». Un terrible constat que dresse d’emblée l’auteur qui livre son analyse en enfonçant des clous sur cette identité antillaise qui porte en elle le poids d’une histoire dramatique et le miracle de la résilience.

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A l’instar d‘Aimé Césaire qui s’insurgeait contre l’aliénation culturelle présente dans la société martiniquaise en ses termes : « mon peuple, quand cesseras-tu d’être le jouet sombre au carnaval des autres… » et à partir des concepts établis par d’éminents auteurs antillais tels Frantz Fanon, René Ménil ou encore Jacky Dahomey, mais également  des auteurs plus contemporains, Matthieu  Gama nous délivre sa vision de la réalité antillaise, détaillant à souhait les réflexes comportementaux qui pour lui « altèrent l’ambition collective au sein de la communauté antillaise, de l’époque esclavagiste à nos jours ». Germe identitaire antillais, distorsion identitaire, rapport filial contrasté avec la France, l’auteur dissèque les sociétés antillaises pour mieux nous donner à comprendre les mécanismes et les traumatismes qui les affectent.

Des pistes sur le champ des possibles

« Comment des populations tant malmenées par l’histoire pourraient-elles parvenir à se construire un Destin commun » ? s’interroge-t-il tout en s’essayant à y apporter des réponses. Car, loin de tout fatalisme, Matthieu Gama ne se contente pas seulement d’évoquer et de décrire les causes du malaise et du mal-être antillais, il propose aussi des raisons d’espérer et donc des pistes de ce qu’il appelle la « désaliénation » qu’elle soit économique, sociale ou psychologique qui soit à la fois individuelle et collective avec pour seule finalité : celle de faire peuple.

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En ce sens, ce manifeste n’est pas uniquement une réflexion sur les causes de cette acculturation mentale, il se veut aussi optimiste et plein d’espoir avec des pistes sur le champ des possibles qui s’offrent aux sociétés antillaises. A cet égard et en cette période où les problématiques mémorielles mais aussi du devenir de ces territoires dans l’ensemble français se posent avec acuité, voilà un ouvrage qui ne manquera pas de susciter un certain intérêt et qui devrait faire débat au sein de nos sociétés antillaises.