La Désirade, de terre d’exil à joyau géologique et naturel

La Désirade, de terre d’exil à joyau géologique et naturel

Première île de l’archipel guadeloupéen découverte par Christophe Colomb en 1493, celle qui fut nommée « la Désirée » par le navigateur espagnol est restée au ban de la société durant près de deux siècles.

Au cours des années 1720, la Guadeloupe est frappée par une épidémie de lèpre. La population inquiète de la propagation de la maladie fait pression auprès du gouverneur de Moyencourt. Ce dernier  convainc le Roi d’y envoyer les malades sur l’île de la Désirade. Le 16 octobre 1725, le Roi donne son accord pour que soit installé un camp réservé aux malades. Désertique et disposant de quelques plantations de coton, la Désirade devient un lieu de déportation. Le 31 mars 1726, les députés font lever une taxe de vingt sous par esclave actif afin de couvrir les frais d’un recensement des lépreux de la Colonie. «  22 blancs, 6 mulâtres, 97 noirs » portent les symptômes de la maladie.

Le 15 Juillet 1763 par une autre ordonnance, le roi choisit l’île pour y envoyer « les mauvais sujets » dont les familles ne voulaient plus en France. Ces personnes étaient souvent emprisonnées pour des délits mineurs. Néanmoins toutes les classes y étaient représentées avec une prédominance de l’aristocratie. Un « pénitencier » fut construit, une garnison mise à disposition. Deux ans plus tard on fit le constat que les déportations étaient sans objet et le maintien de la détention des « mauvais sujets » sur La Désirade inutile.  Il fut donc décidé de fermer le « pénitencier » avant la fin 1767.

© DR

© DR

Des conditions de vie sommaires 

La léproserie de la Désirade accueille dans un premier temps les malades de la Guadeloupe et de ses autres dépendances puis les malades de la Martinique et de Sainte-Lucie intégreront cette structure. Les pensionnaires sont livrés à eux-mêmes. On leur remet une provision de nourriture pour six mois, un peu de bétail et des outils.

Il faut attendre 1811 pour que le camp soit aménagé en hospice avec la mise en place de soins médicaux.. « L’ établissement dont   la création remonte à 1728 se compose actuellement de deux séries de bâtiments séparées par des cours et entourées d’un mur d’enceinte Ces bâtiments sont divisés en cellules véritables cabanons contenant deux couchettes ou trois au besoin quand le nombre des malades l’exige », décrivent les Archives de la médecine navale en 1866 sur la léproserie de la Désirade.

© DR

© DR

Pour faciliter la convalescence, neuf Sœurs de la Charité rejoignent la Guadeloupe en 1820, puis la Désirade en 1858, pour y instruire les enfants et prendre soin des cent vingts malades qui vivent dans conditions sommaires. « Ces cellules sont très étroites logent deux malades au moins qui ont des couchettes ou plutôt des lits de camp de 0m80 de largeur sur 2 mètres de longueur. Malgré des améliorations successives bien que les lépreux soient confiés à l’activité et au zèle des sœurs hospitalières de Saint Paul de Chartres, il reste encore beaucoup à faire pour le bien être de ces malheureux Pour nous il ne suffit pas de séquestrer les lépreux il faut encore les traiter. » souligne la Médecine navale.

En 1952, le Directeur de la DASS Guadeloupe, Monsieur Gloaguen ordonna la fermeture de la léproserie sur la Désirade, transférée à Pointe-Noire en Guadeloupe.  De nos jours il ne reste que les vestiges de la chapelle et quelques tombes des religieuses et prêtres qui soignaient les malades.

© DR

© DR

Une île tournée désormais vers le développement durable

Sa vocation première de terre d’exil et de terre d’exclusion a laissé la place à une politique volontariste tournée vers l’écologie, le tourisme et le développement durable. C’est sur La Désirade qu’a été installé dès 1993 le premier parc éolien du département de la Guadeloupe, avec vingt éoliennes d’une puissance de 25 kW chacune.

Depuis le 19 juillet 2011, elle abrite également une réserve naturelle à caractère géologique. Un site exceptionnel de 62 ha montre les anciens témoins d’un probable arc volcanique datant d’environ de 150 millions d’années, cas unique dans l’Archipel des Petites Antilles et très rare témoin des prémices de la formation de la plaque Caraïbe sous laquelle plonge la croûte océanique atlantique des plaques Nord et Sud-américaines. On peut y voir des coulées de basalte associées à des bancs de radiolarites caractéristiques d’éruptions sous-marines.

A côté du patrimoine géologique, existent également richesses et particularités de la flore et de la faune, avec plusieurs espèces rares menacées dont le fameux cactus « Têtes à l’Anglais », le scinque de la Désirade, le gaïac et l’iguane des petites Antilles classé espèce endémique.