Journées du Patrimoine : La Villa Lenoir, « vieille dame créole » de La Réunion

Journées du Patrimoine : La Villa Lenoir, « vieille dame créole » de La Réunion

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A l’occasion des Journées du Patrimoine, qui ont lieu ces 16 et 17 septembre, Outremers360 vous emmène à la rencontre de la Villa Lenoir, construite entre 1852 et 1857, qui logea dès 1963 le Président de la Cour d’appel à La Réunion. En 2014, l’agence d’observation et d’analyse territoriale AGORAH investit ce lieu chargé d’Histoire et lui offre une nouvelle jeunesse.

En plus de 150 ans, la vieille dame créole de la rue Juliette-Dodu, connue sous le nom de maison du premier président, en a vu passer du monde. Passionné par le patrimoine de son île, Bernard Leveneur en charge du musée Léon-Dierx et auteur d’un ouvrage richement documenté sur les monuments historiques de Saint-Denis (mairie de Saint-Denis et Océan Editions 2005) a remonté le temps et retrouvé les origines de la belle demeure.

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« Les sources notariées indiquent que la maison a été construite entre 1852 et 1857 par Charles Lenoir, propriétaire d’une sucrerie à Sainte-Rose sur une parcelle créée entre 1828 et 1829 », indique Bernard Leveneur. Le premier occupant des lieux est Mazade-Desisles. Lui succèdent Marie Anne Renée Gervais de Lisle de La Mabonnais épouse Hubert de Montfleury puis Marie Dauphine Hubert épouse Pignolet, Louis Déodat Bouquet en 1829, Jean-Baptiste Collet en 1846, Camille Hein en mars 1852, les Lenoir de mars 1852 à 1857, les Adam de Villiers à partir de 1861 et jusqu’en octobre 1909. A cette date le dernier propriétaire privé Paul Ruben de Couderc prend possession de la maison.

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En 1919, la colonie de la Réunion fait l’acquisition de la maison. Elle est transférée en 1946 au Département. En 1963, le ministère de la Justice achète la demeure pour y loger le premier président de la cour d’appel. « Sur la rue Juliette-Dodu, une grille en métal est posée sur un soubassement en maçonnerie décoré de losanges en bas-relief, motif ornemental très apprécié dans le décor des maisons créoles », explique Bernard Leveneur. Dès 1857, à l’angle des deux rues, la terrasse est surmontée d’un kiosque en fer forgé coiffé d’une toiture conique. Le jardin a perdu sa luxuriante végétation. Seuls deux bassins surmontés de grilles en fonte de fer attestent de l’organisation ancienne. L’imposante façade Est de la maison domine la rue Juliette-Dodu. Elle concentre l’essentiel du décor architectural avec piliers, pilastres, entablements, bandeau d’attique se référant aux canons néoclassiques.

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Sur une photographie de 1897, l’étage de la varangue principale est alors soutenu par des colonnes posées sur des stylobates, remplacées dans les premières années du XXe siècle par des piliers cannelés. Suivant le modèle de la « maison Déramond », il s’agit d’une façade à débord important, masquant un corps de logis à étage plus petit, coiffé d’une haute toiture à quatre pans. Autour du rez-de-chaussée, trois varangues protègent des rayons du soleil les pièces principales, espaces de repos plus intime que la varangue de la façade. Au cours de la première moitié du XXe siècle, ces varangues latérales sont fermées par des menuiseries. Un muret bas surmonté de piliers sépare la maison de ses dépendances appuyées contre le mur de clôture ouest. Cette délimitation volontaire des espaces réservés à la domesticité et de ceux des propriétaires se retrouve également à la « maison Déramond » ou encore à la « maison Mas », toutes deux rues de Paris.

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Le 30 mai 1984, la maison du premier président, y compris les façades et les toitures, la grille de clôture sur rue et son mur bahut dit « barreau » et le « guétali », sont classés parmi les monuments historiques. Les pièces avec décor, les façades et toitures des dépendances sont, elles, inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. C’est en 2014 que l’AGORAH, agence d’observation et d’analyse territoriale, s’installe au sein de la Villa Lenoir. « Cette « aventure », qui a débuté avec la rénovation d’un patrimoine historique remarquable, a l’ambition de devenir une place ouverte à tous (une agora) propice à la réflexion. Dans le même temps, c’est une nouvelle vie qui est insufflée à la demeure, et qui nous rappelle, à travers son histoire (ses histoires), toute l’importance de la culture dans les cœurs de métier de l’agence, que sont l’urbanisme et l’aménagement », explique l’agence.

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Le chantier de rénovation s’est déroulé tout au long de l’année 2014 et se poursuit pour les aménagements extérieurs en 2015. Le personnel de l’AGORAH a pu investir ces locaux chargés d’histoire à partir d’octobre 2014 dans un premier temps sur le rez-de-chaussée pus progressivement au fur et à mesure de l’avancée des travaux sur l’étage supérieur.