©Ville de Papeete
Grande figure de la Polynésie, l’ancien maire de Papeete Jean Juventin est décédé ce mardi 28 mai à l’âge de 91 ans, des suites d’une maladie. À la tête du parti autonomiste Pupu Here Ai’a dans les années 80, il avait également occupé les postes de député et président de l’Assemblée de Polynésie.
Depuis mardi, la Polynésie rend hommage à une figure marquante de la politique des années 70 à 90. « Avec sa disparition, c’est une page de la vie politique polynésienne qui se tourne » a reconnu Édouard Fritch, président de la Collectivité d’Outre-mer. Son successeur à l’Assemblée territoriale salue une personnalité qui a « façonné l’histoire de la Polynésie française et de ses institutions », alors que la mairie de Papeete fait part d’une « profonde tristesse ».
Maire de Papeete, capitale de la Polynésie, de 1977 à 1993, Jean Juventin entreprit des chantiers importants pour la ville comme la construction et l’inauguration de la nouvelle mairie en 1990, à l’occasion du centenaire de la municipalité, et le chantier d’affermage de l’eau et de l’assainissement, toujours en cours à ce jour. La mairie, s’inspirant de l’architecture du palais de la reine Pomare IV, avait été inaugurée par l’ancien président de la République François Mitterrand. « Jean Juventin, c’est la Polynésie du cœur », avait déclaré l’ancien président. Pour ce qui est du chantier de l’eau et de l’assainissement, « la commune de Papeete était alors assuré d’un financement FED qui sera détourné sur Punaauia selon la volonté du chef de l’exécutif local d’alors », Gaston Flosse.
Également député de 1978 à 1986 (apparenté UDF), puis à partir de 1993 (apparenté RPR), Jean Juventin est contraint de laisser son poste de maire à Louise Carlson, en raison du non-cumul des mandats. C’est en 1977 que Jean Juventin fait son entrée à l’Assemblée territoriale dont il prend la présidence de 1988 à 1991, puis de 1992 à 1995. L’ancien maire de Papeete fut aussi membre du parti autonomiste Pupu Here Ai’a de John Teariki, dès sa création en 1965. C’est notamment le parti que le Metua Pouvanaa a Oopa rejoindra à son retour d’exil. Jean Juventin prendra la présidence de ce parti en 1983, au décès de son fondateur.
« Le fait marquant de la vie politique vers la décennie 90 était la montée en puissance de la droite représentée localement par le Tahoeraa Huiraatira de Gaston Flosse, prélude à la fin du règne des socialistes inauguré en 1981 par l’élection de François Mitterrand que le parti Here Aia avait soutenu », raconte l’ancien secrétaire général de la mairie de Papeete, proche de Jean Juventin. Pris en tenaille entre le parti de Gaston Flosse et l’arrivée des indépendantistes d’Oscar Temaru, le Pupu Here Ai’a se rallie au tenor de la droite locale en 1991, permettant à Jean Juventin de remporter les législatives de 1993. L’année suivante, Jean Juventin redevient un adversaire acharné de Gaston Flosse et en 1995, c’est un proche de ce dernier qui est élu maire de Papeete.