©Lucie Rabréaud / Radio 1 Tahiti
Dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 janvier, les îles de Tahiti et de Moorea (Îles-du-Vent), dans l’archipel de la Société en Polynésie française, ont été frappées par de violentes pluies causant en quelques heures des dégâts importants: ponts coupés, routes détruites, inondations, éboulements et foyers sous les eaux. L’état de calamité naturelle a été déclaré
Du jamais vu. Trois mots qui résument le dimanche matin qu’ont vécu les tahitiens. En l’espace de quelques heures dans la nuit de samedi à dimanche, des pluies diluviennes se sont abattues sur l’île de Tahiti et sa voisine Moorea, provoquant d’importantes inondations, des éboulements, des ponts coupés, des foyers dévastés et des routes détruites. L’aéroport international de Tahiti-Faa’a a également été inondé, une première. Si le vol d’Air Tahiti Nui, peu avant minuit samedi soir, a pu atterrir à temps, le vol d’Air France a quant à lui été dérouté à Rarotonga aux îles Cook.
« On a entendu le pont craquer »
Dimanche matin, la capitale de la Polynésie française s’est réveillée les pieds dans l’eau, le marché de Papeete avait des allures de marché de Bangkok. Tout autour de l’île, les dégâts sont considérables; les routes transformées en torrents ont été arrachées, plusieurs ponts ont cédé sous la force des eaux et des particuliers ont perdu des morceaux de terrain suite aux éboulements, sans compter les familles dont les foyers ont été inondés. Bon nombre de tahitiens ont dû quitter leur domicile. Dans la commune de Punaauia, les débris abandonnés dans le fond des vallées ont eu raison des pont de la Matatia et de la Maruapo. « On a entendu le pont craquer et s’affaisser d’un mètre, un mètre cinquante à peu près, devant nos yeux, cinq minutes après que deux voitures aient passé le pont » raconte une riveraine qui a vu son domicile, proche de la rivière Matatia, inondé.
De son côté, le Président de la Polynésie française, sur le terrain dès le lever du jour, a confié qu’il s’agissait de la première fois qu’il constatait des pluies et des dégâts aussi important depuis 1982. Dans un quartier de Mahina, sur la côte Nord de Tahiti, 32 personnes ont dû être évacuées par tyrolienne.
Les écoles et l’aéroport fermés, l’état de calamité naturelle déclaré
Dimanche matin à 7h30, EDT – Engie recensait 6 000 foyers sans électricité. A 17h30, le producteur et fournisseur d’électricité faisait état de 455 clients toujours sans électricité. Dimanche à 11h, le Haut-commissaire de la République René Bidal ne recensait aucune victime hormis un blessé à la jambe suite à un éboulement. « Évacuer les habitations situées au bord des rivières » et « limiter les trajets aux seuls déplacements urgents » ont été les mots d’ordre du Haut-commissaire qui a ouvert un PC de crise. Le gouvernement polynésien s’était également réuni en urgence autour du Haut-commissaire afin de coordonner, avec les communes, les plans de secours et d’évacuations, et de déclarer l’état de calamité naturelle. Toutes les écoles, premier et second degrés, de Tahiti et Moorea seront fermées ce lundi, tout comme l’aéroport de Tahiti-Faa’a.
Les autorités appellent à la prudence d’autant que la vigilance est encore en cours et que de nouvelles pluies sont attendues. Des pluies qui durent d’ailleurs depuis quelques semaines. Le weekend dernier, une dépression s’était formée au-dessus de l’archipel de la Société provoquant des vents violents et obligeant les navettes entre Tahiti et Moorea à changer d’itinéraire et à annuler leurs rotations. Dans un communiqué de presse, la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a exprimé sa « solidarité » envers les habitants de Tahiti et Moorea, précisant que les intempéries « ont causé d’importants dégâts matériels, et provoqué des coupures de courant et du réseau téléphonique pour de nombreux foyers ». Elle a appelé « tous les habitants à respecter les consignes de prudence qui ont été diffusées ».
De son côté, la délégation de la Polynésie française à Paris a lancé, ce lundi matin, « un appel à la solidarité de toutes les communautés polynésiennes en France. Elle invite ses membres à collecter des vêtements qu’elle centralisera à la Délégation de la Polynésie à Paris avant que de les acheminer à Papeete à l’antenne de la Croix Rouge » et « appelle aussi la communauté à organiser des bals, concerts ou loto afin de récolter des fonds qui seront transférés à la Croix Rouge ». La délégation réunira cette semaine « des responsables d’associations afin de coordonner toutes ces bonnes volontés ».
A Tahiti, la Présidence du gouvernement a créé une cellule de crise disponible 24h sur 24. Cette cellule est joignable au 444900.