Toutes deux originaires de Tahiti, c’est néanmoins à l’Université de Stanford que Marushka Hirshon et Matatea Changuy se rencontrent avant, un an plus tard, de préparer le pré-lancement de TUMU depuis le lobby d’un hôtel à Hollywood. Né de leurs expériences personnelles et professionnelles en tant que Tahitiennes expatriées, TUMU a pour objectif « de créer une communauté virtuelle qui capture toutes les nuances, ambitions et préoccupations propres aux Océaniens qui ne sont pas capturées dans les plateformes de mise en relation existantes ». « TUMU c’est une communauté pour les Océaniens crée par les Océaniens ». Interview.
Outremers360 : Pouvez-vous nous racontez votre parcours personnel, universitaire et professionnel à chacune ? Comment vous êtes-vous rencontrées ?
Marushka : Originaire de Tahiti, j’ai vécu la majeure partie de ma vie aux États-Unis. Je suis diplômée de Stanford (Bachelor of Science en Sciences, Technologies et Sociétés) avec une spécialisation en Environnement et Durabilité. Après un passage professionnel chez Oracle, je me suis focalisée sur l’autonomisation des communautés du Pacifique principalement par le biais d’initiatives éducatives. J’ai commencé mon parcours dans le bureau d’admission de Stanford en tant que « Admission Counselor for Diversity Outreach ». J’étais responsable du tri de dossiers d’inscription provenant de différents États y compris des îles du Pacifique. Aujourd’hui, je suis la fondatrice de South Pacific Islander Organization (SPIO), une association à but non lucratif qui prépare les jeunes étudiants du Pacifique ayant la volonté d’accéder à l’enseignement supérieur aux États-Unis. Je suis aussi la co-fondatrice de KULTURA, un e-magazine, qui met en avant de jeunes acteurs du changement dans différents secteurs.
Matatea : Je suis entrepreneur sociale, coach et consultante originaire de Tahiti et basée à Los Angeles. J’ai quitté la Polynésie après l’obtention de mon BAC, à 17 ans, pour me former à l’étranger, années au cours desquelles je me découvre de multiples passions et m’engage dans les domaines de l’environnement, la technologie et l’innovation avec une approche éthique et tournée vers l’humain. Je poursuis mes études en Nouvelle-Zélande (Auckland University), au Chili (Universidad Pontificia Católica de Chile) et en Angleterre (Oxford University). J’ai commencé ma carrière professionnelle en Patagonie du Chili dans les énergies renouvelables, pour ensuite rejoindre le gouvernement du Chili basée à Silicon Valley. En 2015, je quitte le monde de la diplomatie internationale pour travailler à mon compte et je mène en parallèle consulting, entrepreneuriat et dog-walking. Je crée par la suite ma société de conseil stratégique, Space2Leap, qui se spécialise dans le développement de projets innovants à impact positif. Depuis 4 ans, je travaille avec des scientifiques de la NASA sur diverses missions d’explorations spatiale. L’exploration du cosmos est très différente de TUMU mais tout aussi enrichissante !
Marushka et moi nous sommes rencontrées grâce à un ami commun, Marc Collins, aussi Polynésien et expatrié à New York. Je cherchais à rencontrer d’autres Polynésiens en Californie et Marc m’a parlé de Marushka qui vivait à San Francisco et il s’est proposé de nous mettre en contact. Quelques semaines plus tard, Marushka et moi nous sommes rencontrées pour déjeuner à l‘Université de Stanford et un an plus tard, nous faisons le pré-lancement de TUMU depuis le lobby d’un hôtel à Hollywood, à Los Angeles.
Comment vous ai venu l’idée de TUMU ? Quel est son objectif ?
TUMU est vraiment née de notre expérience personnelle en tant que expatriées à la recherche d’une communauté. En plus de 10 ans à l’étranger, ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on a trouvé. Certes, il y a Facebook, LinkedIn et d’autres plateformes plus spécialisées mais il n’y a aucune plateforme en ligne qui répondent aux besoins multiples et complexes des Océaniens éparpillés aux quatre coins du monde. Il y a un manque de structure réfléchie, de représentation adéquate dans le monde du travail, d’espaces qui facilite la collaboration entre Océaniens, de mécanismes qui mobilisent tous ces talents au service du développement durable des îles du Pacifique, et de ressources qui fassent une vraie différence dans la vie de ces derniers. L’objectif de TUMU est donc de créer une communauté virtuelle qui capture toutes ces nuances, ambitions et préoccupations propres aux Océaniens qui ne sont pas capturées dans les plateformes de mise en relation existantes. TUMU c’est une communauté pour les Océaniens crée par les Océaniens et c’est là où nous nous différencions.
Pourquoi TUMU ? Quelle est la signification de ce mot ?
TUMU signifie “arbre” ou “tronc” en Tahitien : une imagerie parfaite pour communiquer l’essence et les valeurs de notre projet. TUMU évoque un sentiment d’appartenance et d’ancrage (arbre de famille, communauté) ainsi qu’un rappel de notre lien avec la nature (un élément central dans l’identité des populations insulaires). TUMU aspire à être un lieu de reconnexion et d’expansion, de profondeur et d’élévation. C’est cette idée de puiser dans nos racines–notre identité, notre culture–pour mieux grandir. Notre objectif est que TUMU serve de tremplin pour les professionnels du Pacifique, leur permettant de réaliser leurs ambitions d’exceller dans le monde moderne tout en étant ancrés dans leur patrimoine culturel et identitaire.
Avez-vous une idée chiffrée des communautés du Pacifique dans le monde ? Dans quels pays/villes peut-on le plus en rencontrer ?
Selon le “World Factbook” de la CIA (cia.gov), il y en a environ 10 millions dans le monde. En dehors du Pacifique, on sait qu’il y a à peu près 1,3 million d’océaniens (Pacific Islanders) aux USA. Nous ne connaissons pas les chiffres exacts en Europe et autres continents et c’est pour cela aussi que nous donnons de l’importance à notre phase actuelle qui est notre phase de pré-lancement et recherche du marché.
Aujourd’hui, de quoi avez-vous besoin pour lancer ce projet ? Quelle sera l’étape suivante ?
Nous avons besoin de fonds pour approfondir notre étude du marché et campagne de sensibilisation. Nous faisons tout ce que nous pouvons avec ce que nous avons en temps et budget propre mais pour créer quelque chose à l’échelle désirée, nous avons besoin de soutien. En dehors de financements, adhérer au projet en s’inscrivant sur notre landing page et soutenir notre démarche en la diffusant largement, c’est génial. Notre objectif dans cette phase de pré-lancement est de collecter le plus d’emails possible. Nous serons ainsi capables de démontrer qu’il existe effectivement une demande réelle pour une communauté comme TUMU. En termes d’étapes suivantes, nous devons peaufiner les caractéristiques de la plateforme, finaliser notre business plan, former une petite équipe, développer des partenariats et trouver des investisseurs.
Vous avez beaucoup voyagé, pour des raisons professionnelles notamment, comment se font les liens entre gens du Pacifique dans les grandes villes / les grands pays ?
À ce moment précis, il nous manque une façon de rencontrer d’autres océaniens et nous faisons des rencontres principalement à travers nos contacts personnels. Nous sommes une communauté riche en culture et dispersée à travers le monde. Pour cela, nous voulons créer un espace qui nous relie facilement l’un à l’autre. La difficulté de la connexion est en soi un élément dissuasif pour la connexion, surtout dans les grandes villes/pays. Donc TUMU est une solution parfaite pour fédérer tous ceux qui souhaitent être fédérés.
Pour soutenir la démarche de Marushka Hirshon et Matatea Changuy, c’est ici !