Infections sexuellement transmissibles : Inquiétante progression en Polynésie française

Infections sexuellement transmissibles : Inquiétante progression en Polynésie française

Les derniers chiffres des infections sexuellement transmissibles (IST) en Polynésie française sont alarmants. Les cas de maladies ou infections sexuellement transmissibles ont multiplié par deux en 2015 et révèlent des pratiques sexuelles préoccupantes en Polynésie.

Récemment remise au gouvernement de la Polynésie française, la synthèse des données de laboratoires concernant les IST rapporte une augmentation inquiétante de la syphilis, du chlamydia et de la gonococcie (chaude pisse). Entre 2014 et 2015, le nombre de cas de syphilis détecté en laboratoire est passé de 30 à 83, soit une multiplication par 2,7. On observe un bond de 50% du nombre de cas de chlamydia et la gonococcie enregistre une progression de 130,2%. Ces chiffres ainsi que tous les témoignages de cliniciens démontrent une situation préoccupante des IST en Polynésie française. À la rédaction de Tahiti-infos, le docteur Ngoc Lam Nguyen tempère, « ces chiffres sont des données de laboratoire, nous ne pouvons pas les extrapoler à toute la population, mais il n’empêche que les résultats sont inquiétants ». Il poursuit et met en lumière un autre problème, « la dernière enquête sur les pratiques sexuelles de la population remonte à 2005, nous n’avons aucun chiffres sur les IST hormis les données des laboratoires. Or pour traiter un mal il est bien de le connaître et d’en connaître l’ampleur ».

©M-C.C / Tahiti-infos

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Toujours selon lui, l’accroissement inquiétant des IST révèle un relâchement dans le port du préservatif, « il ne faut pas oublier que dès que l’on est actif sexuellement on entre dans la population à risque. Là, nous avons les chiffres pour le chlamydia, la syphilis et la gonococcie parce que ce sont des maladies faciles à détecter rapidement, mais il y a toutes les autres IST dont nous n’avons pas les chiffres », prévient le spécialiste. Chez les femmes de moins de 25 ans ayant demandé des test pour les germes d’IST, 27% d’entre elles sont porteuses chlamydia, une maladie qui affecte la fertilité des femmes. Chez les hommes de moins de 25 ans testés, 40% d’entre eux sont positifs à la gonococcie. De son côté, le Centre de Transfusion Sanguine révèle également des données confirmant cette évolution inquiétante des IST : en 2015, neuf cas ont été détectés et trois confirmés contre seulement un en 2014 et aucun en 2013. « Les donneurs sanguins sont généralement une population à risque très faible, ils ont une vie sexuelle relativement stabilisée, car nous éliminons tout de suite les individus pratiquant le vagabondage social. Alors si nous détectons des IST chez les donneurs c’est que ça circule à vadrouille dans la société », s’alarme Julien Broult, directeur du Centre de Transfusion sanguine.

©M-C.C / Tahiti-infos

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En plus du relâchement de la population dans le port du préservatif, ces mauvais chiffres peuvent aussi s’expliquer par une baisse de la prévention et des campagnes de sensibilisation, « cela doit faire environ deux ou trois ans que nous n’avons plus de campagnes de sensibilisation à la radio et à la télévision. Nous devons marteler le message de prévention au grand public et chez les jeunes. C’est une question de salubrité publique ! », s’indigne le docteur Nguyen. Par ailleurs, l’InVS révélait le 26 février dernier, 400 à 500 nouveaux cas de syphilis déclarés par an en France.