Inégalités et discriminations à l’encontre des ultramarins: les pistes d’un rapport à l’Assemblée

Inégalités et discriminations à l’encontre des ultramarins: les pistes d’un rapport à l’Assemblée

Les ultramarins « continuent de subir inégalités et discriminations », constate un rapport d’information parlementaire rendu public jeudi, préconisant de mieux « enseigner l’Outre-mer à l’école » et de développer le « testing ».

Le rapport a été présenté devant la délégation Outre-mer de l’Assemblée nationale, quelques jours après des propos injurieux de Brigitte Bardot à l’égard des Réunionnais.
La militante de la cause animale a affirmé que « les autochtones ont gardé leurs gênes (sic) de sauvages », accusant les Réunionnais de « barbarie » à l’encontre des animaux.
« L’égalité réelle » entre les Outre-mer et la métropole « est loin d’être achevée dans de nombreux domaines tant socio-économiques, qu’éducatifs ou sanitaires », notent les rapporteures, les députées Josette Manin (apparentée PS), Maud Petit (MoDem) et Cécile Rilhac (LREM), malgré la loi Egalité réelle outre-mer de février 2017.
« Nombre d’inégalités persistent, tant dans l’accès au droit, à l’éducation, à la santé et l’écart socio-économique », notent-elles.

Ainsi les Outre-mer, « confrontés à l’isolement par rapport à l’Hexagone, à l’exiguïté de leurs marchés domestiques, à un niveau de qualification de la population active moindre, doivent faire face à une situation économique et sociale particulièrement préoccupante », ajoutent-elles, avec « un taux de chômage autour de 20% (26% à Mayotte) » et « 25% de la population sous le seuil de pauvreté (le double de la métropole) », et même 84% à Mayotte.

« Les ultramarins demeurent confrontés à des discriminations dans leur vie quotidienne », relèvent-elles, citant par exemple les difficultés d’accès aux services bancaires pour les ultramarins qui viennent résider en métropole ou « l’exigence d’une caution supérieure au montant légal lorsque les locataires sont originaires de territoires ultramarins ».
« Le sentiment d’appartenance à une Nation se construit par l’appropriation d’une mémoire commune. C’est pourquoi, l’Histoire des Outre-mer doit être mieux connue, à la fois dans les territoires concernés mais aussi en Hexagone », estiment les députées, et « la question douloureuse de l’esclavage doit faire l’objet d’un traitement particulier ».
Parmi les 44 mesures qu’elles préconisent, les rapporteures suggèrent « d’inclure des modules dans les programmes scolaires nationaux » et que « ces questions soient inscrites aux concours nationaux ».

Elles soutiennent aussi le projet d’une Cité des Outre-mer et proposent qu’elle soit « hébergée dans un musée préexistant comme le Quai Branly ou le musée de l’Homme ».
Elles suggèrent également de « remplacer les symboles liés à Colbert à l’Assemblée nationale, un acte fort en symbolique », qui « permettra de faire connaitre à nos citoyens l’existence du Code noir , trop méconnu au sein de notre histoire de France », a dit Maud Petit. Jean-Baptiste Colbert, dont la statue est érigée devant l’Assemblée, est l’instigateur du Code noir qui légalisa le commerce négrier.
Le rapport préconise aussi de développer davantage « la pratique des tests de situation (ou +testing+) à l’instar des pays anglo-saxons ». Le « testing » désigne un processus destiné à déceler un comportement discriminatoire.
Les rapporteures recommandent également « que le contrat d’objectifs et de moyens de France Télévision comprenne un objectif chiffré de diffusion de programmes ayant trait à l’Outre-mer à des heures de grande écoute », et elles « s’interrogent sur un dispositif de quota qui s’appliquerait à toutes les chaînes audiovisuelles ».
Enfin, elle réclament « une réelle politique publique pour pallier l’insuffisance des statistiques pour l’Outre-mer ».

Avec AFP