©Musée de l’Ordre de la Libération
Parce qu’elle est riche mais peu connue, Suez Outre-mer vient de lancer sa nouvelle rubrique Histoire d’Outre-mer dans son magazine Itinéraires. Pour cette première édition, la Tahitienne Titania Redon, Directrice de la Communication Outre-mer pour Suez, explique le but de cette rubrique et présente l’Histoire du Bataillon du Pacifique, engagé dès la Première Guerre mondiale à combattre aux côtés de la France.
Titania, quel est l’objectif de cette nouvelle rubrique d’Itinéraires d’outre-mer ?
L’Histoire de nos outre-mer est peu connue en métropole alors qu’elle est riche d’épisodes et d’engagements extraordinaires. Nous souhaitons donc tout simplement la raconter. Cela fait partie des engagements du groupe SUEZ envers les départements et collectivités d’outre-mer où nous sommes présents.
Vous avez choisi de commencer par l’histoire du Bataillon du Pacifique. Une épopée qui vous touche de près ?
Oui je suis originaire de Tahiti par ma maman et plus précisément de Huahine dans les Iles-sous-le-Vent. Je suis descendante de 3 anciens combattants de la Seconde guerre mondiale : 2 Special Air Service (SAS) et un ancien du Bataillon du Pacifique, Marcel Oopa.
Marcel Oopa est le fils du grand homme politique polynésien, Pouvanaa a Oopa. Il suit l’engagement de son père ?
C’est quelque chose d’important à retenir : les Polynésiens et les Calédoniens du Bataillon du Pacifique sont des engagés volontaires. Pouvana’a s’engage dans le Bataillon du Pacifique pendant la 1ère guerre mondiale. En septembre 1940, il joue un rôle important dans le ralliement des Etablissements Français de l’Océanie (future Polynésie française) à la France Libre. Il devient ensuite député puis sénateur de la Polynésie française. Marcel Pouvanaa Oopa est son fils.
Marcel Oopa se porte à son tour volontaire pendant la Seconde guerre mondiale ?
Oui, il s’engage dans le Bataillon du Pacifique et quitte Tahiti avec 300 volontaires tahitiens le 21 avril 1941 pour rejoindre la Nouvelle-Calédonie et les volontaires calédoniens. Arrivés à Suez, ils sont intégrés à la 1ère Division de la France Libre du général Koenig. Le Bataillon participe notamment à la bataille de Bir Hakeim, à la campagne d’Italie puis débarque en Provence en août 1944. Rentré à Tahiti, Marcel Oopa devient député de la Polynésie française en 1960.
Le Bataillon du Pacifique dans l’enfer de Bir Hakeim
Par Philippe Leydet, directeur de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre de Polynésie (ONAC VG)
Après le ralliement de l’Océanie française à la France Libre le 2 septembre 1940, le capitaine Broche décide de lever un corps de volontaires venus de tous les territoires du Pacifique. Ce premier bataillon sera composé de 300 volontaires Tahitiens et 300 volontaires Calédoniens. Dès la fin septembre 1940, plus de 1 000 volontaires se pressent aux portes de la caserne Bruat à Papeete pour s’engager. Les 300 premiers « Tamari’i » (1) volontaires sélectionnés vont devoir attendre le 21 avril 1941 pour que le Monowai les emmène à Nouméa.
Le Bataillon du Pacifique embarque à Nouméa pour l’Australie le 5 mai 1941. Le 27 juin, il prend place à bord du Queen Elizabeth pour le Moyen-Orient et arrive à Suez le 31 juillet. Il est immédiatement acheminé sur le camp de Qastina (Palestine), où il rejoint la 1ère DFL (2). Après quatre mois d’entraînement, équipé et armé, il fait mouvement, avec la brigade Kœnig, vers la frontière égyptienne et prend position à Bir Hakeim en février 1942. Durant plus de quatre mois, le Bataillon mène une guerre de course dans le désert libyen envoyant régulièrement des Jock columns harceler l’Afrikakorps du maréchal Rommel et les troupes italiennes. Le 27 mai, la division italienne Ariete passe à l’attaque forte de 80 blindés.
L’enfer se déchaîne
Du 27 mai au 10 juin, le Bataillon résiste à toutes les attaques des forces de l’Axe : « Les volontaires du Pacifique, à la pointe du combat, confirment la valeur militaire dont ils avaient fait preuve au cours des opérations qui ont précédé la bataille », télégraphie le 4 juin le général de Gaulle à Henri Sautot, haut-commissaire de France en Nouvelle-Calédonie. Le 9 juin, veille de la sortie, le lieutenant-colonel Broche est tué avec son adjoint dans son poste de commandement par un obus. Le 10 juin, l’ordre d’effectuer la sortie et de rompre l’encerclement est donné. Afin de déjouer les écoutes allemandes, c’est en tahitien que les consignes sont données par les radios du Bataillon. L’épopée du Bataillon du Pacifique va se poursuivre jusqu’en 1945, au sein du Bataillon d’Infanterie de Marine et du Pacifique.
(1) enfants ; (2) Division de la France Libre
Sources : Musée de l’ordre de la Libération