Guyane: L’échographe installé pour lutter contre le trafic de drogue pas utilisé

Guyane: L’échographe installé pour lutter contre le trafic de drogue pas utilisé

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Promis dans le cadre des accords de Guyane qui ont mis fin au mouvement social de mars-avril 2017, l’échographe installé à l’aéroport de Cayenne pour lutter contre le trafic de drogue n’est toujours pas utilisé, faute de personnel médical.

Dix mois après son inauguration par Annick Girardin la ministre des Outre-mer, qui se rend samedi sur le territoire avec la ministre de la Justice Nicole Belloubet, l’appareil est toujours à l’arrêt, ont confirmé vendredi à l’AFP, le procureur
de la République et le directeur régional des douanes. « Au regard de la situation en matière de santé en Guyane, les besoins à pourvoir, l’hôpital de Cayenne qui est débordé (…) on n’a pas pu, jusqu’à aujourd’hui, avoir de prestations médicales pour cet échographe », a indiqué Alexis Lopes, directeur régional des douanes. L’appareil nécessite la présence d’un radiologue, dans ce territoire qualifié de désert médical.

Record d’interpellation de « mules »

L’échographe devait permettre de détecter plus facilement les « mules », ces passeursqui cachent dans leur corps des capsules de cocaïne, un phénomène dont l’ampleur ne cesse d’augmenter en Guyane. Selon les chiffres du parquet, 513 « mules » ont été interpellées en Guyane, entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, un record sur un an. « Les enquêteurs estiment que 6 à 8 mules prennent l’avion sur chacun des 10 vols hebdomadaires entre Cayenne et Orly. Cela fait donc entre 3.120 et 4.160 mules
par an. Comme le nombre de mules par avion est plutôt en augmentation d’après les professionnels, nous arrêtons en Guyane environ 400 mules (365 en 2017) sur 4.000 soit environ 10% des mules », avait indiqué début 2018, le procureur de Cayenne
Eric Vaillant.

« Nous ne pouvons gérer que 2 à 3 mules grand maximum par jour pour une question de moyens tant en douane qu’en hospitalisation et en police. Lorsque notre équipe est mobilisée par une mule, des observateurs en font passer d’autres », avait précisé
fin décembre un douanier au site local Guyaweb. L’utilisation de l’échographe sans effectifs renforcés ne permet pas de traiter toutes les mules débusquées par l’appareil.

Annick Girardin doit, lors de sa visite prévue jusqu’à mardi, faire un bilan des accords de Guyane. Nicole Belloubet évoquera la construction d’un tribunal de grande instance et d’un établissement pénitentiaire à Saint-Laurent-du-Maroni, et celle
d’une cité judiciaire à Cayenne, prévus dans les accords.

Avec AFP