Ce mardi 15 décembre, la sénatrice de Seine-Saint-Denis Aline Archimbaud et la député d’Ille-et-Vilaine Marie-Anne Chapdelaine ont remis leur rapport sur le « suicide des jeunes Amérindiens en Guyane ». Pour enrayer ce phénomène, 37 mesures ont été formulées.
» À 7000 km de Paris, un drame stupéfiant se joue dans le silence le plus complet », ce sont par ces mots que la sénatrice de Seine-Saint-Denis introduit la problématique du suicide des jeunes Amérindiens en Guyane Française. Une problématique qui a fait l’objet d’un rapport remis à la Ministre des Outre-mer ce mardi 15 décembre. Depuis les années 2000, les jeunes issus de trois peuples (Wayampis, Wayanas et Tékos) vivant sur le haut des grands fleuves, au sud de la Guyane sont confrontés à un fort taux de suicide. Même s’il est difficile de quantifier ce phénomène, l’Association Action pour le développement, l’éducation et la recherche (ADER) a dénombré 44 suicides depuis 2000 sur le Haut-Maroni. « C’est un problème préoccupant et il faut agir très vite » explique Aline Archimbaud, l’une des rapporteures de ce rapport. Avec Marie-Anne Chapdelaine la député d’Ille-et-Vilaine, elles ont formulé 37 propositions articulées autour de trois axes : la santé, l’éducation et le renforcement des liens institutionnels. Pour Aline Archimbaud, l’accent doit être tourné d’abord autour de l’aide médicale. Parmi les 37 propositions énoncées par les parlementaires, 16 sont considérées comme « prioritaires ». Il s’agit du « renforcement immédiat » de la prise en charge psychiatrique des suicidaires et de leur famille, avec l’intervention d’une cellule d’urgence en mois de 24 heures, la mise en place d’antennes médicopsychologiques à Camopi et Maripasoula, communes très touchées.
Cette situation de suicide chez les jeunes Amérindiens en Guyane s’explique par le sentiment d’un « mal-vivre »au sein de ces populations. Les causes sont de facteurs diverses: un isolement géographique, des causes sanitaires ou un désoeuvrement et une absence de perspectives pour une jeunesse tiraillée par une double culture. Un malaise renforcé par un fort sentiment de frustration et d’abandon, lié aux conditions très dégradés de l’accès au droit et aux services publics les plus élémentaires. En effet, certains villages de cette région de Guyane n’ont pas accès à l’eau, à l’électricité ou encore aux télécommunications. Un paradoxe dans un département français qui porte « les exploits européens de la conquête spatiale ». Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis, une concertation est nécessaire. « Ces mesures publiques doivent être prises avec les populations, sinon on n’arrivera pas ». Une seule certitude, les deux parlementaires entendent bien faire bouger les lignes. « Nous avons demandé qu’il y ait une clause de revoyure chaque année sur ces actions, il est hors de question pour nous que ce rapport reste dans les placards. »Une demande qui a été entendue par la Ministre des Outre-mer. George Pau-Langevin a annoncé la tenue d’un groupe de travail avec l’Education Nationale, fin janvier pour améliorer notamment la question des collations. De plus, ces propositions formulées dans ce rapport seront pris en compte dans le futur pacte d’avenir de Guyane, a assuré la Ministre.