Faire du surf ou fuir sa quatorzaine : du relâchement du confinement en Outre-mer

Faire du surf ou fuir sa quatorzaine : du relâchement du confinement en Outre-mer

Des policiers en patrouille sur les plages des Salines, à Gosier, le 20 mars 2020 en Guadeloupe ©Cédrick-Isham Calvados / AFP

Un homme qui prétend aller faire des courses planche de surf sous le bras, d’autres qui reviennent d’un anniversaire, des familles qui s’échappent d’une quatorzaine : en Outre-mer, le confinement, bien suivi au début, est désormais moins respecté, constatent les autorités qui durcissent peu à peu les mesures.

En Guadeloupe, département d’outre-mer qui compte le plus grand nombre de décès avec la Martinique (8), ce relâchement semble plus marqué dans des zones « proches des plages », selon un gendarme de la Grande-Terre, qui se dit « parfois dépité et interpellé par les motifs évoqués ». Il a ainsi verbalisé « des surfeurs qui voulaient profiter de la houle de Nord », et le lendemain, « planche de surf sous le bras », un individu qui « allait faire ses courses ».

Une source policière estime qu’ « entre 10 et 20% des véhicules ou personnes contrôlés » n’ont « pas d’attestation ou falsifient la cause de leur déplacement ». Et « ce serait même plus si on ne faisait pas preuve de discernement », confirme un gendarme. Un commandant d’une compagnie de gendarmerie de la Basse-Terre raconte ces gens « qui disent qu’ils vont nourrir les bêtes alors qu’ils sont à pieds, les mains vides », ou ces « deux personnes qui ont présenté une attestation avec une fausse excuse alors qu’on était en plein couvre-feu et qui ont fini par reconnaître qu’ils revenaient d’un anniversaire ».

Contrôle des documents de passagers quittant l’aéroport Roland-Garros à La Réunion par un policier ©AFP

Contrôle des documents de passagers quittant l’aéroport Roland-Garros à La Réunion par un policier ©AFP

Tous constatent que la circulation s’est intensifiée, provoquant même parfois des ralentissements qui avaient complètement disparu depuis le début du confinement, prolongé jusqu’au 11 mai lundi par Emmanuel Macron sur tout le territoire national. « On constate beaucoup de véhicules le matin et peu l’après-midi. Ces derniers jours c’est encore plus vrai car le couvre-feu diurne annoncé a incité les concitoyens à aller faire des courses », reconnaît le préfet Philippe Gustin. « Dès le lendemain, il y avait la queue dans les magasins ». « D’une manière générale, je note qu’il y a un relâchement par rapport à la première période de confinement, c’est certain ».

Le général Thierry Renard, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe et des îles du nord, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, abonde : « Nous avons chaque jour 600 gendarmes sur le terrain qui contrôlent 1 200 à 1 500 véhicules. Bien sûr il y a des verbalisations. (…) Il y a toujours des tentations, dans certains quartiers ou villages, des zones sportives où les gens se rassemblent ». Même constat en Martinique. « On a eu des automobilistes qui prétendaient revenir des courses mais, dans leur voiture, il y avait seulement une bouteille de coca », a expliqué sur France-Antilles Martinique le commissaire Jean-Pierre Frédéric.

Chasse aux surfeurs en hélico

À La Réunion qui compte le plus grand nombre de cas positifs (389), les attroupements le soir devant les grandes surfaces sont aussi devenus plus nombreux, tout comme les regroupements aux abords des commerces de proximité servant de l’alcool, obligeant le préfet Jacques Billant à ordonner la fermeture de tous les commerces chaque soir à 19h. De même, face à l’affluence sur les plages pour faire du sport – ce qui restait autorisé avec une attestation, même si la baignade et les bains de soleil sur le sable étaient interdits-, le préfet a interdit vendredi l’accès aux plages.

Ces interdictions « visent les irresponsables qui se moquent des règles et mettent en danger la vie des autres », a commenté Jacques Billant. Mais à Saint-Leu samedi, un hélicoptère de la gendarmerie a surpris des surfeurs dans les vagues, les obligeant à sortir de l’eau en les survolant en rase-motte. Les contrevenants se sont enfuis avant que l’hélicoptère se pose sur la plage.

L'Hôtel Le Méridien à Nouméa, réquisitionné par le gouvernement local pour accueillir en quatorzaine les familles rapatriées dans l'archipel

L’Hôtel Le Méridien à Nouméa, réquisitionné par le gouvernement local pour accueillir en quatorzaine les familles rapatriées dans l’archipel

Le préfet a aussi dénoncé en début de semaine « l’acte irresponsable » de plusieurs personnes, arrivées par avion à La Réunion, qui avaient fui au bout de deux jours l’hôtel où elles avaient été placées en quatorzaine, jugeant les conditions d’hébergement « invivables ». En Nouvelle-Calédonie, une famille rapatriée d’Australie, placée en quatorzaine dans un hôtel quatre étoiles de Nouméa, s’est également fait la belle. « Ayant refusé d’y retourner de leur plein gré », la famille a été ramenée sur place par les forces de l’ordre, a annoncé le Haut-commissariat, dénonçant lui aussi de l’ « irresponsabilité ».

Rappelons qu’Outre-mer ou Hexagone, le confinement demeure difficile à strictement appliquer. Ainsi, alors que la Mairie de Paris et la Préfecture de Police ont interdit le jogging de 10h à 19h, les scènes d’affluences sur les quais de la capitale pris d’assaut à partir de 19h par les joggers ont été nombreuses, notamment la semaine dernière durant laquelle les températures ont souvent dépassé les 20°C. Les forces de l’ordre ont également fait face à de nombreux départs en vacances alors que ceux-ci étaient interdits.

Avec AFP.