En Polynésie, une enquête sanitaire révèle le mauvais état de santé des adolescents polynésiens

En Polynésie, une enquête sanitaire révèle le mauvais état de santé des adolescents polynésiens

©Tahiti-infos

Selon une enquête menée au premier trimestre 2016 dans 32 établissements de la Polynésie française, et auprès de 3 216 adolescents, « une grosse partie de la jeunesse polynésienne est en souffrance ». On y apprend, entre autres, que 20% des jeunes de 13 à 17 ans sont en situation d’obésité et que 14% des jeunes polynésiens ont envisagé de se suicider.

Alarmiste, l’enquête menée en Polynésie française par la Direction de la Santé et le Ministère de l’Education de la Collectivité est issue d’une enquête mondiale : « The Global school-based student health survey ». Selon les résultats de cette enquête, dont l’échantillon s’élève à 10,8% de la population concernée : « 43% des Polynésiens de 13 à 17 ans sont en surpoids dont 20% au stade d’obésité ; 46% déclarent boire des boissons gazeuses sucrées au moins une fois par jour ; 42% des élèves déclarent être en position sédentaire au moins trois heures par jour ; 26% ont consommé du tabac ; 44% ont consommé de l’alcool au cours des 30 derniers jours ; 29% déclarent avoir consommé de la drogue au moins une fois dans leur vie ; 26% déclarent avoir manqué les cours sans permission au moins un jour au cours des 30 derniers jours ; 15% ont été agressés au moins une fois au cours des 12 derniers mois ; 14% ont envisagé sérieusement de se suicider au cours des 12 derniers mois ; 50% utilisent un préservatif ». Un point positif : « 93% déclarent se brosser les dents au moins une fois par jour ».

« Rajeunissement de l’âge de la première consommation »

« Une grosse partie de la jeunesse polynésienne est en souffrance », confirme le docteur Marie-Françoise Brugiroux, responsable du centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie, à nos confrères de Tahiti-Infos. « Ces chiffres ne sont pas étonnants, même s’ils sont malgré tout alarmants. Si 70% des adultes sont en surpoids, il me paraît cohérent que 40% d’adolescents soient dans le même cas. Nous pouvons déjà être satisfaits d’avoir une stabilisation de l’indice et non une poursuite de l’augmentation de ces chiffres », indique de son côté Vaea Terorotua, médecin responsable du centre de consultations spécialisées en hygiène et santé scolaire. « La particularité de la Polynésie française, c’est le jeune âge de consommation des produits que ce soit le tabac, l’alcool ou le paka (cannabis, ndlr). Au fil des années, il y a un rajeunissement de l’âge de la première consommation pour l’alcool et le cannabis et une amélioration concernant le tabac », poursuit Marie-Françoise Brugiroux, toujours interrogé par Tahiti-Infos.

Le suicide prégnant chez les jeunes polynésiens

Si l’âge de l’expérimentation du tabac recule, celui de l’alcool avance. Ainsi, près de 60% des jeunes polynésiens ont consommé de l’alcool avant leurs 14 ans. « Ce ne sont pas de petites consommations, mais plutôt du « binge drinking », une consommation massive d’alcools forts dont le but est l’ivresse. Il y a beaucoup de jeunes en difficulté morale et ils vont rechercher, dans ces produits-là, un soulagement », constate encore Marie-Françoise Brugiroux. Concernant le cannabis, « le pourcentage de consommateur  n’a pas augmenté, mais l’accès au paka se rajeunit et se facilite ». L’étude fait aussi état d’un mal-être psychologique important chez les jeunes polynésiens. En effet, 14,4% des élèves âgés de 13 à 17 ans ont sérieusement envisagé de se suicider, les filles plus que les garçons (20,1% contre 8,8%). Un peu moins de 10% déclarent avoir fait au moins une tentative de suicide et 17% ont réfléchi à la manière de se suicider.

« Je ne m’attendais pas à ce que les conduites suicidaires et tout ce qui tournait autour du comportement suicidaire soient aussi marqués. L’état est alarmant. (…) Cette prévalence est vraiment inquiétante », constate Vaea Terorotua. Pour Marie-Françoise Brugiroux, les jeunes polynésiens « prennent ce qu’ils ont sous la main pour arriver à se soulager. Pour moi, il y a urgence à travailler avec les parents. Les parents doivent reprendre leur rôle ».

Enquête sanitaire chez les jeunes polynésiens