©Radio 1 Tahiti
Selon la structure d’accueil Te Vai-ete – Caritas Polynésie, dirigée par le vicaire de la cathédrale de Papeete, 250 à 300 personnes seraient livrées à la rue sur l’île de Tahiti. Bien connu en Polynésie, le vicaire de la cathédrale note une augmentation des personnes présentant des problèmes psychiatriques lourds.
Père Christophe, vicaire de la cathédrale de Papeete, a voulu remettre les pendules à l’heure, cette semaine en Polynésie, en remettant le bilan annuel de la structure d’accueil Te Vai-ete. Un bilan annuel construit sur la base des maraudes, des observations, des repas distribués par la structure et ses bénévoles. Par sa stature et son engagement auprès des sans abris, le Père Christophe fait autorité en la matière. Son bilan annonce « 250 à 300 personnes en grande précarité », livrées à elles-mêmes dans les rues de Tahiti. « Des chiffres qui ont un peu augmenté mais qui n’ont pas explosé », commente-t-il, dénonçant « les chiffres fantasques données par certaines associations en mal de subvention, et qui ont été relayées hâtivement par le gouvernement ». Des « chiffres gonflés », 700 personnes, qui ne seraient selon le vicaire que du « lobbying » de certaines associations.
Ceci étant dit, Père Christophe poursuit son analyse du nombre de personnes à la rue sur l’île de Tahiti, relayée par Radio 1 Tahiti. Il s’intéresse par ailleurs aux profils de ces sans-abris et note une « évolution ». « La population est plus âgée qu’avant », observe-t-il. En moyenne, des personnes ayant entre 30 et 50 ans, « en pleine force de l’âge pour travailler » mais en proie au chômage ou qui ne gagnent pas assez pour se loger. Sur l’année 2018, la structure d’accueil relève également 47 mineurs sans abris dont les plus nombreux ont entre 16 et 18 ans, un chiffre en augmentation. Il s’agit majoritairement de filles, qui « suivent leurs conjoints plus âgés faute d’être acceptées dans la famille ».
Manque de prise en charge
Mais c’est du côté des personnes handicapées ou présentant des troubles psychiatriques lourds que Père Christophe s’inquiète. Ces dernières étaient 19 en 2017, contre 52 en 2018, dont 4 cas de schizophrénies non traitées. « Une situation liée à une consommation excessive d’alcool et de drogue », explique le vicaire, qui regrette le manque de prise en charge sans « jeter la pierre » aux familles. « Quand tu as une fratrie de quatre ou cinq enfants, qu’il y en a un qui est schizophrène et que l’on n’arrive pas à gérer, à un moment, ou on sacrifie la famille, ou on sacrifie celui qui devient un danger pour l’ensemble », poursuit Père Christophe. Pour pallier à ce manque de pris en charge, le vicaire organise des rencontres hebdomadaires avec des psychiatres du public et du privé.
Pour la suite, si Père Christophe salue les initiatives du gouvernement polynésien et note « l’alignement des millions annoncés pour la prise en charge des personnes en grandes précarités et à la rue », il regrette toutefois les priorités de l’exécutif local. Le vicaire veut mettre l’accent sur le logement des travailleurs et des personnes handicapées, en plus du réaménagement du centre d’urgence et du centre d’accueil de jour. En attendant, le centre d’accueil Te Vai-ete se cherche un nouvel emplacement pour la fin de l’année et présentera son projet à la fin du mois.