Le mercredi 27 mars 2019, l’INSEE a publié une analyse intitulée « La Guyane à l’horizon 2050 : vers un doublement de la population ? ». Depuis quelques années, ce véritable trait d’union entre l’Amérique latine et l’Europe connaît une mutation socio-démographique de grande ampleur qui a déjà fait l’objet de plusieurs types d’analyses, constate Joël Destom, Directeur Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE MATMUT, dans une nouvelle expertise sur la protection sociale Outre-mer.
La contribution de spécialistes guyanais intitulée « construire la société guyanaise » marque les esprits d’une façon toute particulière. En effet, dès le début de l’année 2017, Serge Mam Lam Fouck, Isabelle Hidair, Jean Moomou, Félix Tiouka, Thierry Nicolas, Maude Elfort et Monique Blérald soulignent que tous les ingrédients de la création d’une « nouvelle société » sont réunis.
L’INSEE a développé trois scénarios correspondant à plusieurs futurs possibles, différant par des hypothèses spécifiques en termes de fécondité et de migrations. La note de présentation stipule qu’au « 1er janvier 2050, la Guyane compterait 428 000 habitants, soit 184 000 de plus qu’en 2013. En près de quarante ans, la Guyane tendrait ainsi vers un doublement de sa population. […] En Guyane, où la fécondité est un moteur démographique important, la population resterait particulièrement jeune, même si la part de seniors augmenterait fortement ».
Dans sa lettre hebdomadaire du lundi 1er avril, la FEDOM souligne à juste titre que les travaux de l’INSEE permettent de « mieux comprendre […] l’impérieuse nécessité d’accélérer la réalisation d’infrastructures essentielles pour la vie des guyanais, et ce dans tous les secteurs : routes, écoles, hôpitaux, tribunaux etc… »
Pour mettre en relief un défi particulier, il ne semble pas excessif de penser que la formation et l’emploi des jeunes guyanais, sont comme ailleurs et un peut être un peu plus qu’ailleurs, de « grandes causes ». Maîtriser les enjeux économiques et sociaux liés à une telle spécificité démographique supposent obligatoirement d’œuvrer au renforcement de l’emploi des jeunes. L’urgence est d’accroître l’employabilité tout en œuvrant à un élargissement conséquent de l’offre d’emplois.
Ce défi est l’occasion d’interroger le lien entre l’évolution de l’emploi et la construction de la protection sociale complémentaire, pour une population en phase d’appropriation croissante des mécanismes de cette construction. Lorsque LA MONDIALE implante ses activités sur le territoire en 1969, la plupart des guyanais découvrent l’intérêt de bénéficier régulièrement de véritables audits portant sur la santé, la prévoyance, la retraite et l’épargne. Aujourd’hui la démarche des équipes d’AG2R LA MONDIALE MATMUT est très largement connue.
50 années d’expertise en Guyane autorisent plusieurs constats.
Les solutions assurantielles individuelles et collectives se développent, sans pour autant remplacer complètement les logiques de solidarité, souvent organisées au sein des différentes communautés. La couverture individuelle demeure la norme. Dans l’entreprise, les logiques paternalistes s’effacent au profit des mécanismes privilégiant la mutualisation par filière ou par secteur, la recherche d’une cohérence avec la Convention collective applicable.
Progressivement, plusieurs indicateurs tels que l’âge moyen de la première souscription, l’âge moyen à l’arrivée du premier enfant, l’âge moyen du premier emploi deviennent congruents. Le nombre de personnes disposant de revenus suffisants pour constituer de façon substantielle et continue une épargne augmente. La frange de la population concernée par la flexibilité et l’intermittence de l’emploi, avec des conséquences sur les cycles de cotisations et l’ajustement des garanties, augmente.
La liste non exhaustive de ces constats amène à souhaiter, pour la Guyane, la création de nouveaux modèles de développement privilégiant la création de niches d’activités et de services à forte valeur ajoutée. Ici, la construction de la protection sociale complémentaire met en exergue un véritable enjeu d’inégalité ou d’égalité sociale. Fondamentalement, il est en lien avec la fragilisation ou le renforcement de la cohésion d’une « nouvelle société ».
Joël Destom, Directeur Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE MATMUT