En Guyane, à La Réunion et Mayotte, la dengue fait plus de victimes que le coronavirus

En Guyane, à La Réunion et Mayotte, la dengue fait plus de victimes que le coronavirus

Si l’épidémie de coronavirus retient toute l’attention de l’actualité nationale et internationale, certains territoires ultramarins font face à une épidémie antérieure de dengue. C’est le cas de la Guyane, de La Réunion et Mayotte. 

En Guyane, « les dernières données épidémiologiques permettent de considérer que la circulation de la dengue est désormais entrée en stade épidémique dans le secteur de Kourou et du Maroni ; en stade pré-épidémique dans le secteur de Cayenne et dans le littoral Ouest », a fait savoir la préfecture dans un communiqué. Avec 1 000 cas confirmés, dont 17 hospitalisations, depuis janvier 2019, les autorités craignent une épidémie qui toucherait l’ensemble de la région « pour les semaines à venir ».

« La transmission s’est accélérée ces dernières semaines à Kourou et la situation est aussi épidémique sur le Maroni depuis maintenant 3 à 4 mois », observe un médecin épidémiologiste à l’ARS de Guyane, qui relève également « de plus de plus de cas et de foyers à St-Laurent du Maroni et sur Cayenne ». La dernière épidémie de dengue en Guyane avait fait six morts et plus de 13 000 cas.

Diminution des consultations 

Par conséquent, « l’augmentation du nombre de cas de dengue est à prendre très au sérieux », prévient encore la préfecture. « La maladie de la dengue peut être grave, mails elle peut aussi se confondre avec le Covid19 et surcharger le système de santé (toux, fièvres, maux de tête…). C’est la raison pour laquelle l’ARS prépare une stratégie de dépistage combinée Dengue/Covid19 ». Le confinement lié au Covid-19 a eu pour effet une diminution des consultations et donc une probable sous-estimation du nombre de cas de dengue.

Une campagne de pulvérisation anti-moustique en Outre-mer

Une campagne de pulvérisation anti-moustique en Outre-mer

Outre « des mesures de salubrité publiques dans le cadre de la lutte contre la dengue » menées par la préfecture, la Collectivité territoriale et l’ARS, les autorités appellent à « l’initiative individuelle ». « Il est conseillé de se servir de répulsifs », insiste-t-on. « Pour protéger sa maison et son voisinage, tous les guyanais sont invités à éliminer fréquemment toutes les eaux stagnantes pouvant représenter des nids (gîtes) à moustiques, dans leur jardin, sur leurs terrasses, et dans tous les espaces ouverts situés à proximité de leur maison ».

Plus de 4 000 cas à La Réunion

À La Réunion, territoire ultramarin qui compte le plus de cas confirmés de Covid-19, la dengue enregistre un bilan bien plus lourd : 751 cas confirmés entre le 6 et le 12 avril, soit 4 207 cas autochtones depuis début 2020. 183 patients ont été hospitalisés et l’arbovirose à fait une victime.

« Dans ce contexte, la mise en œuvre des gestes de prévention par tous contre la dengue est indispensable pour freiner l’épidémie sur le territoire. Aussi, la préfecture de La Réunion et l’ARS rappellent à la population l’importance de consulter rapidement un médecin en cas de symptômes pour se faire dépister, se protéger des piqûres de moustiques et continuer à se protéger même malade pour protéger ses proches, et éliminer les gîtes larvaires à son domicile ».

12 décès à Mayotte

À Mayotte, si le Covid-19 a fait 4 victimes depuis le début de l’épidémie, la dengue en enregistre 12 depuis le début de l’année. 3 163 cas de dengue ont été confirmés et diagnostiqués dans le département, 292 patients ont nécessité une hospitalisation, 19 patients ont été admis en réanimation et 60 % des hospitalisations ont été recensées en maternité, note l’ARS.

Les gîtes à moustiques, parmi les vecteurs des arboviroses transmis par le moustique tigre ©OMS

Les gîtes à moustiques, parmi les vecteurs des arboviroses transmis par le moustique tigre ©OMS

« Depuis début mars, on enregistre une hausse significative de formes graves et plusieurs décès imputés à la dengue sont à déplorer ». Comme en Guyane, de nombreuses personnes ont renoncé à consulter leur médecin. D’autres n’ont pu bénéficier de tests pendant cette période, alors même qu’elles présentaient des symptômes typiques de la dengue. « Le nombre des personnes réellement atteintes – dans tous les villages, sans différenciation d’âge, de profession ou de milieux de vie – est donc très largement supérieur aux cas biologiquement prouvés ».

Devant la progression du nombre de personnes touchées par la dengue, l’ARS a décidé de renforcer dans les jours à venir les équipes engagées dans les quartiers fortement impactés par la dengue. À l’instar du Covid-19, des « gestes barrières » bien connus en Outre-mer sont à observer en cas d’épidémie de dengue : usage de répulsifs et moustiquaires, élimination des eaux stagnantes et ramassage des déchets.