Disney mise sur « Blue » pour éveiller les consciences écolos

Disney mise sur « Blue » pour éveiller les consciences écolos

Nouvel opus de la filiale Disney, Disneynature, en salles ce mercredi 28 mars, « Blue » offre des images sublimes et inédites de la vie dans l’océan, film positif à dessein, pour tenter de sensibiliser un large public à la beauté et à la fragilité de la nature.

Le film, réalisé par deux vétérans du genre animalier, Keith Scholey et Alastair Fothergill, suit plusieurs personnages charismatiques dans l’onde claire, loin des plastiques ou des coraux blanchis par le réchauffement climatique: le dauphin « Blue », en premier lieu, qui apprend à chasser au côté de sa mère ; la baleine à bosse et son petit de 4 mètres ou encore ; l’orque redoutée… Des images jamais vues tenant aussi bien à la patience, puisqu’il aura fallu un an de tournage de la Polynésie (où le film avait été présenté par les studios en janvier dernier) au Mozambique ou aux Bahamas, qu’aux nouvelles technologies : drones, grues contrôlées à distance… Les caméras montrent la nuit, s’approchent au plus près des grands animaux comme des petits, et saisissent des scènes folles : un banc de requins lancé sur une colonie de mérous, des dauphins formant des « cercles de sable » pour piéger les poissons, une bataille de baleines mâles pour la femelle…

Keith Scholey et Alastair Fothergill réalisateurs de Blue le 25 avril 2012 à Londres - afp

Keith Scholey et Alastair Fothergill réalisateurs de Blue le 25 avril 2012 à Londres – © AFP

Un film pour tomber « amoureux » de la nature

L’histoire, servie par la narration de Cécile de France, se concentre sur les merveilles de la nature, la transmission, l’apprentissage, la solidarité, l’interdépendance ou l’intelligence. Rien qui puisse heurter le spectateur, même s’il y a bien des rivalités entre prédateurs… Tout reste invariablement beauté et happy ends, même si le commentaire fait une rapide mention des pollutions, de la surpêche et du climat déréglé qui font aujourd’hui la réalité de l’océan. Jean-François Camilleri, fondateur de Disneynature il y a dix ans, assume: « L’idée est de créer des expériences, de l’émerveillement, pour que le public, quel que soit l’âge, tombe ‘amoureux’ et ait envie d’agir » pour la nature. La filiale de Disney, qui a notamment produit « Océans », « Félins » ou « L’Empereur », veut être « un passeur entre les spécialistes, les scientifiques, et le grand public ».

« Tout ne peut être noir, on est sur du cinéma de divertissement utile », ajoute-t-il. « Mais tout ce qui se passe est réel, on ne travestit pas la réalité ». « Nés en Chine », avant-dernier opus de Disneynature (2017), montrait bien la mort de la panthère des neiges…

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« On s’identifie »

Comment sensibiliser au mieux aux enjeux écologiques? Le débat est récurrent. En 2009, le « Syndrome du Titanic », plaidoyer pour la planète du très populaire Nicolas Hulot, n’avait pas eu le succès escompté par son auteur, critiqué pour son catastrophisme. « Si l’on met en avant les drames, il est possible que le message soit moins bien », assure pour sa part Jean-François Camilleri. « On s’identifie à ces mammifères, aux relations parent-enfant… on a l’impression de se voir, et je pense que cela touche plus les gens », estime Romain Troublé, président de la Fondation Tara, association de défense de l’environnement qui, la première semaine d’exploitation, recevra un euro pour chaque place enfant vendue dans les cinémas CGR.

« Blue s’adresse d’abord à un jeune public », ajoute-t-il. « Si je montre à mon fils un film où une orque mange un baleineau, il ne parlera plus que de cela », ce qui n’est pas le but. « L’océan, on n’en connaît pas grand-chose. Or, c’est un enjeu dont il faut qu’on arrive à parler. » Le biologiste et ex-président du Muséum d’histoire naturelle, Gilles Bœuf, conseiller scientifique sur la narration française, approuve. « Le plus grand animal que la terre ait porté, la baleine, est encore avec nous, et on le massacre! », s’indigne-t-il, rappelant que « la vie est née dans l’océan. Aujourd’hui par exemple des milliers de médicaments sont élaborés sur le modèle marin ».

Par Faatau Jean