Des émeutes éclatent en Papouasie occidentale, un parlement régional incendié

Des émeutes éclatent en Papouasie occidentale, un parlement régional incendié

©AFP

Des émeutes ont éclaté lundi dans la province indonésienne de Papouasie (Papouasie occidentale) et un parlement régional a été incendié, alors que des milliers de manifestants protestaient contre l’arrestation d’étudiants pro-indépendantistes.

Les manifestants sont descendus dans la rue à Manokwari, capitale de la région ouest de la Papouasie de quelque 130 000 habitants, dont le parlement a été détruit par les flammes. Des habitants ont aussi mis le feu à des magasins et à des véhicules, arraché des panneaux de signalisation et jeté des pierres sur des bâtiments officiels. Un journaliste de l’AFP sur place a évalué à plusieurs milliers le nombre total des manifestants.

Le ministre indonésien chargé de la Sécurité, Wiranto (qui comme de nombreux Indonésiens ne porte qu’un nom), a appelé au calme et annoncé une enquête sur les évènements à l’origine des émeutes à Manokwari, qui ont également provoqué des troubles dans plusieurs autres villes de la province lundi. « Cela a vraiment perturbé l’unité de notre nation », a-t-il souligné. Ces émeutes sont le dernier signe de violence d’une région marquée par une rébellion indépendantiste sporadique contre le gouvernement indonésien.

Au cours des émeutes, trois policiers ont été blessés à Manokwari par des jets de pierres, selon les autorités. Il n’y avait pas d’information disponible sur des blessés côté manifestants. Les émeutes ont été provoquées par des informations sur l’arrestation samedi de 43 étudiants papous par la police après des tirs de gaz lacrymogène, à Surabaya, la deuxième ville du pays, au cours d’une manifestation coïncidant avec la fête de l’indépendance du pays.

Selon des militants papous et les médias locaux, la police anti-émeute a investi un dortoir pour déloger des étudiants accusés d’avoir détruit un drapeau indonésien. La police a affirmé avoir appréhendé les étudiants brièvement, les avoir interrogés, puis libérés. Des images diffusées par les télévisions ont montré des manifestations organisées contre ces étudiants à l’occasion desquelles des injures raciales ont été prononcées contre les Papous.

Province parmi les plus pauvres d’Indonésie, la Papouasie occidentale a été le théâtre d’évènements violents depuis l’année dernière. En décembre, au moins 16 ouvriers indonésiens travaillant pour une compagnie publique sur un chantier d’infrastructure ont été tués par des rebelles séparatistes. Le mois dernier, deux militaires ont été tués en Papouasie au cours d’affrontements avec des séparatistes. L’armée indonésienne a été accusée par les ONG de violations des droits de l’homme contre la population mélanésienne, notamment d’avoir tué des manifestants pacifiques.

La Papouasie occidentale s’est déclarée indépendante en 1961, mais l’Indonésie a pris le contrôle par la force en 1963 de cette région riche en ressources naturelles. Elle a officiellement annexé cette région en 1969 et est depuis accusé de génocide contre la population mélanésienne. De nombreux Papous réclament l’indépendance, comme la Papouasie Nouvelle-Guinée, autre moitié de cette grande île qui l’a obtenue en 1975 après avoir été une colonie australienne.

Avec AFP.