© Lionel Ghighi
Entretien avec Corine Beaulieu Robert qui a édité récemment la seconde édition de l’Etoile des Dodo. Cette passionnée de la photo continue à travers cette seconde édition à valoriser le parcours de réunionnais connus et non connus avec générosité au profit d’une association, l’Association Ti Prince Marmailles.
Loin de la politique, vous mettez en lumière des personnes qui font La Réunion, comment vous est venue cette idée ?
Au fil de mes rencontres, qu’elles soient professionnelles ou dans un champ plus privé, j’ai eu cette chance de croiser ou de côtoyer de belles personnes dedans dehors. J’ai d’abord voulu créer un site internet de portraits pour parler d’elles. Je pouvais ainsi lier ma passion pour la photographie et ce désir de mettre en lumière des Réunionnais connus ou pas d’ailleurs. Finalement la rencontre avec un éditeur formidable et des partenaires généreux a permis la sortie d’un bel ouvrage. Et le livre a précédé le site www.bycoco.re. Dans les deux volumes de l’Etoile des Dodo, ces rencontres sont à partager avec ceux qui veulent bien ouvrir le livre et le feuilleter.
D’où vous vient cette passion pour la photographie ? Comment conjugue-t-on cette passion et le travail ?
J’ai été attirée par la photo, par les appareils photo, à l’âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus exactement. J’ai aimé cette idée qu’un petit clic puisse fixer un moment, une émotion. J’aimais les livres de portraits et en particulier ceux en noir et blanc. J’ai définitivement emprunté l’appareil de mon père à cette période. Je me suis vraiment prise au jeu de la capture des regards, des situations, des mouvements. A travers l’objectif, j’ai le sentiment de capter ce qui ne se perçoit pas toujours au premier coup d’œil et qui est pourtant l’essentiel d’une personne. J’ai aussi eu cette chance extraordinaire, dans le cadre de mes études (master / communication publique) de rencontrer trois photographes exceptionnels qui m’ont marquée : Willy Ronis, Sébastiao Salgado, et Guy Le Querrec. Trois monstres de la photo, engagés qui m’ont inspirée chacun dans des styles différents.
Photographe n’est en effet pas mon métier. J’exerce depuis plus de 20 ans le métier de conseiller en communication auprès d’exécutifs au sein de collectivités. Un job extrêmement prenant et que j’adore malgré quelques péripéties qui ont fait l’actualité notamment avec la loi dite de moralisation qui interdit aux épouses de travailler avec leur époux exécutif. J’ai été directement concernée et j’ai dû quitter mes fonctions au cabinet naturellement. Je l’ai vraiment vécu comme une injustice et une forme de discrimination qui ne dit pas son nom après toutes ces années au sein de différents cabinets. Alors heureusement que dans ces périodes compliquées la photographie offre des bouffées d’oxygène. Prendre l’appareil apaise. Mais je vous rassure, quelles que soient les périodes il reste un « ami » accroché à mon cou et je sais trouver des espaces libres pour shooter.
Les éditions 1 et 2 sont au profit de l’Association Ti Prince Marmailles ? Pourquoi celle- ci en particulier ?
L’association Ti Prince Marmailles œuvre depuis plus de 10 ans auprès des enfants soignés pour un cancer au CHU de Bellepierre. D’abord je connais bien les deux femmes, Jacqueline Bourgeat et Claude Pilier Benard, qui ont pris cette initiative de visiter et d’apporter de la joie et des sourires à des enfants qui passent beaucoup de temps dans des chambres pour des soins lourds souvent. Je trouve admirables ce don de soi et cette empathie. Ensuite, leur rôle est concret et important dans ces périodes de traitement et comme pour tout, il faut des sous : pour acquérir des jouets, organiser des sorties, faire des voyages avec les plus vaillants. Y participer à travers les ventes de ce livre était une évidence. Nous avons une relation de confiance précieuse.
Comment se fait le choix des portraits et le plus difficile, celui des photos ; puisque vous shootez énormément ?
Les portraits sont de de véritables coups de cœur. Des personnes qui me touchent par leur générosité, leur engagement, des personnes qui participent à faire rayonner La Réunion de manière très positive dans des domaines différents. Vous retrouvez des top modèle comme l’adorable Pauline Hoarau aux cotés de Stéphane Bijoux, de Christine Salem, de Marie-Alice Sinaman, de Guillaume Hoarau, il y a parmi les Dodo aussi des chefs d’entreprises qui rayonnent dans l’océan indien comme Daniel Moreau, Fréderic Auché …. Ces fameuses rencontres au fil des années. Ils sont plus de 80 au total sur les deux volumes. Et plus discrets sans doute mais majeurs derrière les logos des partenaires qui soutiennent la réalisation du livre, ce sont aussi des femmes et des hommes de cœur que j’apprécie énormément. Le choix de LA Photo qui figurera dans le livre est parfois extrêmement compliqué et parfois il s’impose de lui-même, on ne voit qu’elle. Je m’entoure de regards d’experts pour finaliser le choix, celui en d’un ami photographe, celui de la directrice artistique, Elsa, et puis celui de mon amoureux qui a un regard assez juste.
Vous avez mis en ligne il y a quelques temps un site qui valorise les Réunionnais. Un prolongement des livres, une façon d’être plus dans la proximité avec les publics?
Le projet au tout début devait se traduire avant tout par le site internet. Finalement le livre a précédé le web. Et entre temps, au-delà de la rubrique phare l’Etoile des Dodo, j’ai intégré d’autres rubriques sur www.bycoco.re: ActuBô, RéunionStyle, SoTerrienne et une Story « Mon Héros dans ce monde de ouf ! ». Le site internet, la page facebook, le compte instagram offrent une proximité digitale intéressante.
Quels sont vos prochains projets ?
Sur le plan professionnel, je me bats un peu pour que le statut de « femme de » n’efface pas mon parcours, mes compétences et ma volonté de m’engager pour l’intérêt général au service de mon île. Et ce n’est pas si évident alors que nous sommes au 21ème siècle. Cela pose vraiment question sur l’évolution de la place des femmes dans cette société, je vous assure. Il y a une série de reculs qui demandent que l’on soit extrêmement vigilant.
Du côté du blog, je travaille actuellement avec des personnes talentueuses au développement avec notamment une nouvelle rubrique sur les volets écologie et développement durable fortement valorisés. Vous serez surpris d’y voir des personnes engagées… très bientôt je vous livrerais les liens, promis.
Sur le plan artistique, j’ai un projet qui me tient à cœur avec une grande artiste réunionnaise. Là encore, laissons le temps au temps pour vous offrir un joli cadeau, je pense.
Et pour terminer, pouvez-vous répondre pour Outremers 360 à la fiche de questions que vous avez l’habitude de donner aux » Dodo » afin de connaître qui est COCO ?
C’est la première fois qu’on me fait faire le questionnaire des Dodo (rire) mais avec grand plaisir.
Quelle étoile vous guide ?
Celle de l’amour évidemment.
Et il y a aujourd’hui une étoile plus brillante et plus belle que les autres au-dessus de ma tête, celle de ma maman que j’ai perdue en décembre dernier.
Quel est votre “refuge” réunionnais ?
Aujourd’hui les bras de mon amoureux.
La touche glamour Réunion pour vous ?
Respirer, respirer, respirer entre ciel et mer … cette chance de pouvoir lever les yeux et voir le bleu du ciel qui vous inonde, cette chance de pouvoir en même temps regarder devant et voir le bleu azur jusqu’à l’horizon. C’est une magie si …. glamour, oui, je trouve.
Un engagement pour une cause ?
L’investissement pour une cause devrait s’imposer de lui-même comme une contribution volontaire et utile … il y a tant de causes dans des domaines très différents. Je ne voudrais surtout pas hiérarchiser une cause par rapport à une autre. Parfois, je me dis que tant de personnes restent les bras croisés avec pourtant des moyens et la santé pour s’activer … mais en même temps on ne connait pas la vie des gens, c’est un engagement si personnel. Pour ma part je me concentre sur TiPrinceMarmailles, je suis admirative du travail que les des bénévoles de cette association.
Une référence (un personnage, un livre…) ?
Le Dalaï lama n’est jamais loin de moi (pas physiquement bien sûr) mais sa philosophie, ses textes et leurs justesses m’inspirent immensément.
Les trois titres favoris sur votre play-list ?
⁃ Gainsbourg, Requiem pour un con
⁃ Israel Kamakawiwo’ole, Over The Rainbow & What A Wonderful World – Medley
⁃ Jacqueline Farreyrol, Lady Maloya
⁃ Jaqueline Nativel, Blanche Africaine
J’ai pris la liberté d’en mettre 4 (merci)
Un mot pour dire “La Réunion” ?
Mélangée