Crise sociale en Guyane: Série d’annonces et de mesures en amont d’une grande marche en Guyane

Crise sociale en Guyane: Série d’annonces et de mesures en amont d’une grande marche en Guyane

© Jody Amiet, AFP

La grève générale illimitée prévue ce 27 mars a été timide. Cette 11ème journée de grève fut rythmée par les déclarations de Bernard Cazeneuve, de François Hollande  et des revendications des collectifs.

Alors que la Guyane se réveillait avec le spectre d’une grève générale illimitée, le Premier Ministre défendait devant les médias nationaux à Matignon le bilan et l’action du gouvernement en Guyane. Ce dernier, en présence d’Ericka Barigts la Ministre des Outre-mer, a réitéré son appel« au dialogue, à la responsabilité et à l’apaisement », a affirmé vouloir signer ce « pacte d’avenir » dans « les meilleurs délais». Il a également annoncé l’arrivée en fin de semaine d’une délégation ministérielle, sans toutefois préciser la composition de cette délégation.
Une délégation qui viendrait acter et signer le protocole d’accord établi par la mission de hauts-fonctionnaires conduite par Jean-François Cordet. 48 heures après leur arrivée, il a détaillé plusieurs mesures.
La mission interministérielle propose un programme d’investissement total de 60 millions d’euros pour l’Hôpital de Cayenne, un plan pluriannel de retour à l’équilibre sur 5 ans pour la santé.Sur la sécurité, elle fait état d’une installation d’un échographe portable à l’aéroport de Cayenne, une mise en place de barrages volants par la gendarmerie et l’intensification de la surveillance des fleuves de jour comme de nuit pour lutter contre les stupéfiants, l’orpaillage et l’immigration illégale, la construction d’un centre pénitentiaire et d’un tribunal de Grande Instance à Saint-Laurent du Maroni, et un renfort de 25 policiers et 23 gendarmes supplémentaires.

Les collectifs posent 37 revendications

Critiqué par le gouvernement qui lui reprochait de ne pas disposer de revendications claires, le Collectif « Pou la Gwiyann Dekolé » (« Pour que la Guyane décolle », en créole guyanais), a présenté lors d’une conférence de presse ce 27 mars, son cahier unique de revendications. « Nous présentons en première intention un ensemble de revendications concernant des problèmes dont l’urgence ne souffre pas de délais quant à leur résolution », soulignent le document.
Au total, les manifestants ont dressé 37 propositions allant de l’éducation et la formation à la sécurité en passant par l’économie, la santé et la reconnaissance des peuples autochtones et l’énergie. Les collectifs ont déclaré avoir pris acte de la déclaration de Bernard Cazeneuve annonçant la venue d’une délégation ministérielle en Guyane d’ici à la fin de la semaine.

François Hollande s’exprime pour la première fois

Jusqu’ici muet, le Président de la République a fait une déclaration sur le  mouvement social en Guyane depuis Singapour, en Asie où il effectue une visite officielle. « La première priorité, c’est la lutte contre l’insécurité, le renforcement des moyens », avant de rappeler que certains « ont été déployés » et préciser que « d’autres vont arriver ».

Opération « ville morte » prévue demain

Malgré cette série d’annonces et de déclarations, la mobilisation sur le terrain ne faiblit pas. De nouvelles organisations, à l’instar de l’antenne locale de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), premier syndicat de médecins français et l’intersyndicale FO/CGT de l’Office National Des Forêts, ont apporté leur soutien au mouvement.
La « grève générale illimitée »prévue ce jour a connu un démarrage timide. Certains commerces comme les stations-services, les pharmacies ou les magasins d’alimentation ont assuré le « service minimum ». Demain, une  opération « Ville morte » a été lancée par le collectif «  Pou la Gwiyann Dekolé ». Plusieurs marches seront organisées à Cayenne et à Saint-Laurent du Maroni. Pour cette occasion, certains barrages seront ouverts pour permettre à la  population de participer à ce rassemblement.