La coopération judiciaire entre les deux pays frontaliers va connaître une nouvelle accélération. Une convention d’entraide en matière pénale est sur le point d’être signée, après deux ans de statu-quo.
La Guyane et le Suriname sont déterminés à travailler ensemble afin de lutter contre la criminalité. Ce nouvel accord prévoit une entraide « la plus large possible » dans « toutes les procédures visant des infractions pénales », souligne Myriam Aflalo, chargée de mission coopération auprès du préfet de Guyane à France-Guyane. Elle ajoute que la coopération actuelle n’était pas réellement officielle. « Pour l’heure, on peut toujours demander leur aide à nos homologues surinamais, mais il n’y a pas de cadre légal préalable. C’est toujours signé à titre de réciprocité », explique la magistrate Isabelle Arnal. Avec cette nouvelle convention, les deux pays pourront échanger divers éléments concernant l’instruction de leurs procédures judiciaires. La France (ou inversement, le Suriname) pourrait réclamer à son homologue l’audition ou la comparution de témoins et d’experts, des pièces à conviction, documents ou objets ; solliciter des écoutes téléphoniques, perquisitions et saisies de l’autre côté de la frontière ou encore demander le transfert temporaire aux fins d’enquête d’une personne détenue au Suriname, qui pourrait ainsi comparaître en France en qualité de témoin.
Cette convention de coopération judiciaire s’inscrit également dans la lignée de la signature récente d’une coopération policière entre les deux pays. Le Parlement du Suriname a ratifié le 23 octobre « l’Accord de coopération policière des deux côtés de la frontière » signé par les gouvernements français et surinamais, onze ans plus tôt. Un signe fort selon le commandant en second de la gendarmerie en Guyane, Pierre Poty. « Désormais, on va pouvoir localiser plus facilement ceux qui espèrent se réfugier d’un côté ou de l’autre.Concrètement, ça ne va pas révolutionner les résultats de la police, mais ça va donner un signal clair que la KPS (la police surinamaise, ou Korps Politie Suriname, ndlr) travaille avec les gendarmes français», souligne-t-il. Toutefois, il reste encore un point d’achoppement au sujet des accords d’extradition. Des discussions sont en cours entre la France et le gouvernement surinamais.