Chlordécone: La commission d’enquête parlementaire a commencé ses premières auditions

Chlordécone: La commission d’enquête parlementaire a commencé ses premières auditions

Présidé par le député martiniquais Serge Letchimy et accompagné de la rapporteure Justine Bénin (députée de Guadeloupe), la commission d’enquête parlementaire sur l’impact économique, sanitaire et environnemental de l’utilisation de la chlordécone et du paraquat a commencé les auditions ce lundi 1er juillet.

La session d’auditions a débuté avec les interventions de Jacques Rosine, responsable de la délégation Santé publique France aux Antilles, et de Mounia El Yamani, préfiguratrice adjointe au directeur – Direction santé environnement et travail, de Santé publique France. Une première audition qui a porté sur le lien de la présence du chlordécone en Guadeloupe et en Martinique et la prévalence des cancers dans ces deux territoires. Pour rappel, les taux d’imprégnation au chlordécone sont de 95% pour la Martinique et de 93% pour la Guadeloupe : environ 700.000 personnes seraient donc, selon une étude menée entre 2013 et 2014, contaminées par ce pesticide.

«On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de lien», a concédé Jacques Rosine, le responsable de la délégation Santé publique France aux Antilles. «Pour l’instant, nul scientifique ne peut attester que l’ensemble des cancers de la prostate aux Antilles est lié au chlordécone» avant de préciser qu’il y avait des études complémentaires concernant le risque attribuable». Sur ce sujet, les responsable de Santé Publique ont confirmé la prolongation ou la relance d’études cliniques, comme le plan Kannari pour la période 2019-2020 avec le 4e plan chlordécone. De nouvelles études qui verront leur population-cible plus élargie ( agriculteurs, pêcheurs, femmes enceintes ou en âge de procréer).

Les travaux de cette commission d’enquête se sont poursuivis avec l’intervention du Professeur Luc Multigner, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), coordinateur des recherches épidémiologiques conduites par l’Inserm sur le chlordécone. «L’approche épidémiologique rend difficile de prouver ou démontrer des liens de manière formelle et absolue. Ces deux qualificatifs sont vérifiés pour le tabac, l’alcool et l’amiante..». Toutefois, le Pr Luc Multigner a souligne que l’étude Karuprostate réalisé en 2010, avait permis de souligner que « l’exposition au chlordécone est associée à un risque augmenté de survenue de la maladie».

La commission d’enquête poursuit ses auditions à Paris jusqu’au 12 juillet. Elle entendra cette semaine entre autres, Henri Vannière, ancien chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), Dr Gilles Bloch, président-directeur général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et Robert Barouki, directeur de l’Unité Inserm 1124 « Toxicologie, Pharmacologie et signalisation cellulaire » mais aussi,Emmanuel Berthier, directeur général à la Direction générale des Outre-Mer (DGOM) du Ministère des Outre-mer.

Les auditions prévues en Martinique et en Guadeloupe se tiendront fin septembre. D’une durée de six mois, cette commission d’enquête parlementaire sur le chlordécone se déroulera jusqu’au mois de décembre.