Au centre de rétention administrative de Mayotte : beaucoup de mineurs et un turn-over important

Au centre de rétention administrative de Mayotte : beaucoup de mineurs et un turn-over important

 

Centre de rétention administrative de Mayotte ©Lény Stora / DocPix

Durée de rétention réduite, présence de mineurs en grand nombre : le centre de rétention administrative de Mayotte, le plus grand de France, connaît de nombreuses spécificités par rapport à l’Hexagone.

Le centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte, où s’est rendu mardi une délégation de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, a vu défiler 15.441 personnes en 2017, contre 25.271 personnes dans l’ensemble des CRA hexagonaux. « La durée moyenne de séjour est de 0,7 jour ici contre 10 jours au niveau national », a affirmé mardi Isabelle Bettioui, cheffe du CRA. Ce « turn-over est très important ». Depuis son ouverture en septembre 2015, le CRA a vu passer près de 60.000 personnes, selon le Julien Kerdoncuf, le sous-préfet en charge de l’immigration clandestine. Il dispose d’une capacité de 136 places (72 pour les hommes, 24 pour les femmes et 40 pour les familles).

En 2017, 2.493 mineurs ont été admis au CRA, a expliqué Isabelle Bettioui. Dans l’Hexagone, le nombre de mineurs en CRA s’est établi à 304 en 2017, un record. Ainsi, ce bâtiment neuf et moderne situé en Petite-Terre accueille de nombreuses familles, ce qui pousse les autorités à mettre à disposition lait maternisé, couches et biberons, une « spécificité locale », selon Isabelle Bettioui. Sur les 15.441 entrants, 15.429 ne présentent aucun document d’identité. « Nous avons principalement des identités déclaratives, à 99% », constate-t-elle.

Autre originalité : 98% des étrangers en situation irrégulière placés au CRA sont Comoriens, indique ce commandant de police. Cette homogénéité de nationalité évite « les conflits communautaires, contrairement en métropole », note Mme Bettioui. Plusieurs associations dénoncent régulièrement des éloignements forcés si rapides que seule une faible proportion de personnes peut exercer ses droits. En 2017, seulement 1.829 personnes ont pu accéder à l’association Solidarité Mayotte, qui intervient au CRA. Les associations regrettent également le statut dérogatoire de Mayotte, où le délai légal de rétention avant la saisine d’un juge des Libertés et de la détention est de cinq jours, contre 48 heures dans l’Hexagone.