Attentats de Nice: « Je suis restée 5 heures sans nouvelles de ma fille », une Martiniquaise témoigne

Attentats de Nice: « Je suis restée 5 heures sans nouvelles de ma fille », une Martiniquaise témoigne

© Associated Press

La ville de Nice a été touchée hier soir par  un attentat lors des célébrations du 14 Juillet. Le bilan actuel est de 84 morts. Des ultramarins se trouvaient sur les lieux du drame à l’instar de Muriel Tauzias qui nous a rapporté la scène que sa fille a vécue, encore sous le choc.

 

© Muriel Tauzias

© Muriel Tauzias

Muriel Tauzia a longtemps vécu à Nice avant de rejoindre la région parisienne. Sa fille et ses petits-enfants qui habitent la régionniçoise  ont été témoins de l’attaque.

« Ma fille était sur les lieux à la Promenade des Anglais. Moi, j’ai subi l’atroce attente pour avoir des nouvelles, je suis restée 5 heures sans nouvelles de ma fille car les lignes étaient occupées. Ces 5 heures ont été horribles pour moi ». Dans la nuit, Muriel Tauzias recevra plus tard un appel de sa fille depuis l’hôpital pour la rassurer. « Elles sont extrêmement choquées, pareil pour mes petits-enfants âgés de 2 et de quatre ans qui ont vu des enfants se faire rouler dessus et faire traîner par le camion. Ils ont entendu des cris puis ma fille m’a expliqué qu’il y a un grand silence de mort une fois que les évènements se sont produits ». Le choc est suivi d’un moment de stupéfaction, raconte Muriel Tauzias. « Ma fille m’a expliqué qu’ils n’ont pas compris tout de suite ce qui se passait. Ils ont d’abord pensé à un accident,que le chauffeur avait perdu le contrôle de son camion. Elle n’a pas pensé qu’il pouvait s’agir d’un attentat. Visiblement, d’après ce que ma fille me dit, c’est comme si le camion jouait aux quilles, le camion déviait à la fois à droite et à gauche pour attraper le plus de monde possible. C’est avec sang froid qu’il a fait çà, c’est horrible qu’on puisse faire des gestes pareils, » souligne Muriel Tauzias. Des gestes horribles que ses petits-enfants, également témoins de cette scène  ne comprenaient pas. «Ils demandent pourquoi le monsieur a fait ça, les enfants sont gentils et les gens sont gentils, pourquoi le monsieur est autant méchant? Qu’ont fait les gens ? » sont les principales questions que se posent ces jeunes enfants. «Lorsqu’ils ont vu les pompiers, le sang, ils ont compris tout de suite la gravité de la situation. Pour raconter ce qu’ils ont vu, la cellule psychologique les a fait dessiner. Leurs dessins sont surtout des enfants, je pense que cela les a marqué, et des adultes avec plein de sang. Et la question : pourquoi le monsieur est si méchant, ce sont les mots qui reviennent » témoignent Muriel Tauzias. Malgré les événements, elle dit qu’il ne faut pas céder à la peur.«Quand on voit les événements de Paris, on se dit que c’est grave et on était de tout coeur avec eux. Mais on n’imagine pas que cela puisse arriver à quelqu’un d’entre nous. Malheureusement on ne peut pas vivre perpétuellement  dans cette peur car on ne ferait plus rien non plus.  Nous vivons maintenant dans l’insécurité la plus totale. C’est vraiment la population qui est visée. Cela peut arriver sur n’importe quel lieu et n’importe quelle manifestation. Il ne faut surtout pas donner la joie de dire qu’on ne sortira plus et qu’on ne fera plus rien. » Muriel Tauzias se dit soulagée et chanceuse car « il y a encore beaucoup de familles qui sont sans nouvelles de leurs proches ». Elle adresse  tout son soutien aux victimes et aux familles qui subissent cet évènement.

24 heures après le drame, le chauffeur a été identifié, le bilan est de 84 morts, 18 personnes en situation d’urgence absolue, et une cinquantaine de blessés plus légers.