Attentat à Nice: « J’ai fait rentrer le maximum de personnes dans le restaurant », raconte Petelo

Attentat à Nice: « J’ai fait rentrer le maximum de personnes dans le restaurant », raconte Petelo

©Valéry Hache / AFP

Hier soir à Nice, en plein 14 juillet, un homme au volant de son camion, pistolet à la main, a dévalé la Promenade des Anglais faisant au moins 80 victimes. Pour l’heure, si elle n’est pas confirmée, la piste de l’attentat terroriste est toutefois privilégiée.

Outremers360 a contacté Petelo Taalo, Wallisien et portier d’un restaurant sur la rue de France, parallèle à la célèbre Promenade, qui à chaque 14 juillet, offre ses feux d’artifices. « Quand j’ai vu la foule paniquée courir de tous les côtés, j’ai demandé ce qui se passait mais personne ne répondait car ils étaient tous paniqués ». Sans savoir qu’à deux pas de lui se jouait un drame sans précédent à Nice, Petelo prend l’initiative de protéger ceux qui peuvent l’être, « j’ai compris qu’il se passait quelque chose sur la Promenade et j’ai fait rentrer le maximum de personnes dans le restaurant. J’ai fermé à clé et j’ai contacté la police pour plus de renseignements ». Pourtant, même enfermé dans un restaurant, le risque n’est pas négligeable, « si la personne passe devant le restaurant et nous tire dessus, la seule chose qu’on peut faire c’est de nous mettre à terre ». « J’ai fais monter les personnes à l’étage et on y est resté de 10h40 à 2h30″. Pendant tout ce temps, Petelo appelait la police « tous les quarts d’heure ». « La police disait de ne pas bouger tant qu’elle donnait pas le feu vert. Ce n’est qu’à 2h30 que la police nous l’a donné et indiqué un numéro afin d’avoir plus de renseignement ».

Nice, ce 14 juillet. Aux alentours de 22h30, un homme conduisant un camion fonce dans la foule venue admirer les feux d'artifices de la Fête nationale ©AFP

Nice, ce 14 juillet. Aux alentours de 22h30, un homme conduisant un camion fonce dans la foule venue admirer les feux d’artifices de la Fête nationale ©AFP

« Au moment du feu d’artifice, il n’y avait personne dans le restaurant, à peine 10 personnes. Et d’un coup on a vu une foule qui paniquait, qui criait, des enfants, des vieux qui n’arrivaient pas à courir, ça m’a fait mal au cœur. Je suis allé les aider en attendant les renseignements de la police. Et c’est là qu’on a appris par la télé, les téléphones ». « J’ai des cousines qui étaient sur place, qui ont vu le camion passer à 10 mètres d’elles. Elles sont choquées, elles n’ont jamais vu de cadavres, encore moins allongés sur la Promenade ». Dans ces situations d’horreur et de panique, la première pensée revient aux proches: où sont-ils, que font-ils, vont-ils bien ? « On a contacté la famille, les amis, tout le monde était ok, à la maison. Je suis rentré vers 3h30, mais je n’arrivais pas à fermer l’œil. Je suis resté devant la télé à regarder les renseignements, à m’assurer qu’aucun de mes amis n’avait été pris dans l’attaque. J’ai regardé tous mes contacts pour m’en assurer ».

Le Palais de la Méditérranée, sur la Promenade des Anglais, a été transformé dès ce matin en PC de crise ©Wilfried Hamel Raison

Le Palais de la Méditérranée, sur la Promenade des Anglais, a été transformé dès ce matin en PC de crise ©Wilfried Hamel Raison

Sur place, à Nice, une cellule psychologique a été mise en place dès ce matin. Mais par un pur hasard, Petelo a abrité une psychologue, qui fut d’une aide précieuse. « Elle avait pris en charge des personnes choquées. Surtout celles qui avaient vu le camion, c’est comme si elles avaient vu la mort ». « Depuis hier soir, je ne suis pas sorti. Tout le monde est sous le choc. On préfère rester à la maison, on avait prévu plein de choses pour les enfants parce que c’est les vacances, mais on a tout annulé. On a plus le moral de sortir quand on voit notre ville morte, c’est horrible. C’est quand même la cinquième ville de France, une des plus belles… ».