Accès aux soins en Outre-mer : La Guyane et Mayotte accusent « des retards très importants » selon la CNCDH

Accès aux soins en Outre-mer : La Guyane et Mayotte accusent « des retards très importants » selon la CNCDH

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C’est la conclusion du dernier avis de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme rendu public hier. La Commission fustige « l’organisation des systèmes de santé », très variable selon les territoires.

Dans son un avis, la CNCDH évoque « un constat inquiétant dans tous les territoires ultramarins », mais déplore des données statistiques « partielles et insuffisantes » sur la santé outre-mer. Elle met en exergue le système de soins « défaillant » en Guyane et à Mayotte, marqué par un manque de professionnels de santé et de structures de prise en charge.

En 2012, quelque 7.000 médecins exerçaient dans les territoires. La Guyane avait 71 praticiens actifs pour 100.000 habitants et Mayotte 18, contre 180 pour La Réunion, seule à approcher la moyenne nationale (201). « L’isolement » qui complique « l’accès aux soins et la réponse aux urgences, alors que l’évacuation des malades est fréquemment imposée ». Les populations autochtones de l’intérieur de la Guyane sont ainsi particulièrement exposées aux risques sanitaires, faute de structures.

Et faute de médecine libérale, « l’hospitalo-centrisme » est « renforcé avec de grands ensembles hospitaliers souffrant de sous-dimensionnement (par rapport au territoire concerné,NDLR), de sous-effectif et trop souvent de gestion hasardeuse », notamment en Guyane et à Mayotte, où des mouvements sociaux ont dénoncé des situations d’engorgement.

« Les barrières financières sont aussi des obstacles », avec pour conséquence « le renoncement aux soins face au coût des transports, aux contraintes administratives trop lourdes et au manque d’accompagnement social », note la CNCDH.

Obésité, diabète, des fléaux en Guadeloupe et à la Réunion

Pour autant, si les Antilles et la Réunion observent une amélioration dans l’accès aux soins, ces territoires restent encore en marge concernant la prise en charge de certaines pathologies.
Les taux d’hospitalisation et de mortalité par AVC sont particulièrement élevés en Guadeloupe, Guyane et surtout à La Réunion. Ces régions d’outre-mer sont fortement touchées par le surpoids et l’obésité. En Guadeloupe, la surcharge pondérale concerne la moitié de la population. Quant à la Réunion, c’est le département le plus touché par le diabète.

Quelles solutions ?

Elle préconise notamment de « prendre des initiatives innovantes visant à aider l’installation de professionnels », « de renforcer la prévention », de créer des « centres de soins délocalisés » là où il y a pénurie de médecins, comme à Mayotte et en Guyane, et de développer la télémédecine. Elle recommande aussi « une évaluation des besoins dans le domaine de la psychiatrie et de la santé mentale », et « le renforcement de l’aide à l’acquisition des droits aux populations les plus vulnérables ».

La CNCDH a toutefois salué la mise en place par le gouvernement de la « stratégie santé Outre-mer 2016-2020 », visant à prendre en compte les particularités de l’Outre-mer, avec « des solutions pertinentes, qu’il s’agisse de la formation des professionnels, de l’allocation des ressources aux établissements ultramarins ou de conditions d’installations en maisons médicales peu pratiquées en Hexagone ».

Avec AFP