© Fotostock
A Mayotte, près d’un habitant sur deux est de nationalité étrangère, soit 48% de la population totale, et 95% de ces étrangers sont Comoriens, a annoncé jeudi le chef du service régional de l’Insee, Jamel Mekkaoui.
Ces chiffres sont issus des résultats du recensement en 2017, qui a comptabilisé 256.000 habitants au total dans le 101e département français, a indiqué le cadre de l’agence statistique. La proportion d’étrangers à Mayotte a augmenté en cinq ans: elle était de 40% en 2012. Ce ratio est « inédit » sur le territoire national, a affirmé Jamel Mekkaoui, puisque la moyenne française est de 6,5% d’étrangers dans la population globale.
En comparaison, la Seine-Saint-Denis compte 23% d’étrangers, le taux le plus élevé en métropole. Il est aussi de 39% en Guyane « que l’on compare souvent à Mayotte, alors qu’on n’est pas sur la même ampleur », a observé M. Mekkaoui. « Attention, étranger ne veut pas dire clandestin », a-t-il souligné, rappelant qu’en 2015, un étranger sur deux était en situation irrégulière à Mayotte. L’île subit une forte pression migratoire des îles voisines des Comores, à 70 km de ses côtes. 95% des étrangers vivant à Mayotte sont Comoriens, a précisé le statisticien. Parmi ces 123.000 étrangers, 40.600 personnes sont nées à Mayotte, et la « majeure partie a vocation à devenir Français », cette composante réactualisant « le sujet du droit du sol », souligne-t-il.
Mayotte demeure le département français à la plus forte croissance démographique (+3,8% par an en moyenne), soit 7 fois plus que la moyenne nationale (+0,5%). Depuis 2012, l’île enregistre environ 8.800 personnes de plus par an et sa population est déjà estimée au 1er janvier 2019 à 270.000 habitants.
Cette croissance s’explique principalement par le nombre des naissances. Le taux de natalité y est 3 fois supérieur à la métropole, avec 5 enfants par femme en moyenne (1,9 en métropole et 3,6 en Guyane). Un chiffre en « nette progression » car en 2012, ce taux était de 4,1 à Mayotte.
En 2017, « les trois quarts des bébés nés à Mayotte (…) (avaient) une mère étrangère (…) très majoritairement de nationalité comorienne ». L’Insee note également que la fécondité est « près de 2 fois plus élevée pour les femmes nées à l’étranger », soit 6 enfants par femme contre 3,5 pour celles nées à Mayotte.
L’Insee note des « flux migratoires importants vers et depuis Mayotte » entre 2012 et 2017, puisque sont arrivés dans l’île « 32.500 personnes natives de l’étranger », tandis qu’en sont reparties « 25.900 natives de l’île », notamment les 18-24 ans. Au final, le solde migratoire s’établit à « 5.600 arrivées de plus que de départs en cinq ans », soit plus de 1.100 personnes non originaires du territoire supplémentaires par an.
Avec AFP