C’est une des missions de la Maison de la Nouvelle-Calédonie: accueillir les étudiants calédoniens dans l’Hexagone ©Outremers360 (Archives)
Comment prendre un train, obtenir un numéro de Sécurité sociale, trouver un logement et s’adapter à un nouvel environnement à 22.000 km de chez eux : à la Maison de la Nouvelle-Calédonie (MNC) à Paris, les étudiants du Caillou sont accueillis et formés à leur nouvelle vie dans l’Hexagone.
« La priorité des priorités, c’est le logement et la Sécurité sociale », insiste Agnès Siraut, chef du service Étudiant à la MNC, devant la vingtaine de jeunes arrivés la veille à l’aéroport de Roissy, encore fatigués par les quelque 22 heures de voyage et les 10 heures de décalage horaire. Depuis la mi-août et jusqu’à la fin septembre, elle et son équipe accueillent des groupes d’étudiants, dont la majorité découvrent l’Hexagone pour la première fois. Pris en charge dès l’aéroport, ils sont hébergés à Paris le temps de bénéficier de deux jours d’ateliers sur les aspects pratiques de la vie étudiante, avant d’être mis dans le train pour leur ville d’étude. A l’arrivée, « on fait aussi en sorte, dans la mesure du possible, que quelqu’un puisse les accueillir », explique Mme Siraut.
Après 103 étudiants issus de classes préparatoires accueillis au début de l’été, 250 étudiants en BTS, licence, master, etc.… sont attendus pour la rentrée et vont rejoindre 107 villes hexagonales. Originaires d’un territoire qui compte quelque 270.000 habitants, les étudiants doivent assimiler les nombreuses différences entre l’Hexagone et la Nouvelle-Calédonie, comme la Sécurité sociale. Les étudiants néo-calédoniens dépendent en effet d’une caisse autonome et ne sont pas bénéficiaires d’une carte vitale ni d’un numéro INSEE. « Ils arrivent sans immatriculation sociale, mais pour finaliser leurs inscriptions à la fac, bénéficier des aides au logement, et tout simplement se soigner, ils doivent l’obtenir rapidement », explique Agnès Siraut, qui reconnait que la démarche est « compliquée ». « Ici, on dit ‘la Sécu’, sachez-le », dit-elle aux étudiants, avant de leur préciser les subtilités du médecin référent et des « conventionnés 1″.
« C’est stressant », avoue Elanie Katrawa, 20 ans, originaire de l’île de Lifou, et future étudiante en BTS assistante de gestion à Langres. « Je dois voir un docteur tous les mois. Les démarches ça m’inquiète », dit-elle. Elle avoue aussi craindre le climat de la Haute-Marne. « On m’a dit qu’en hiver, il fait très froid ».
« Plutôt timide »
Venant d’un territoire ou métros et trains n’existent pas, Steven Roestam, 23 ans, originaire de Nouméa, « appréhende beaucoup les transports. C’est un peu compliqué de choisir son métro, son train ou son bus, de caler ses horaires… C’est beaucoup d’organisation… pas comme en Nouvelle-Calédonie où c’est ‘cool Raoul’ », estime le jeune homme qui va faire un BTS audiovisuel à Saint-Quentin (Aisne). « Essayez de regarder une gare en vous disant que vous n’avez jamais pris le train et vous allez voir que c’est assez compliqué », admet Agnès Siraut. « Tout ça, ça mérite quand même quelques explications ».
La MNC aide aussi à la recherche de logements, s’assure que tous ont bien ouvert un compte bancaire en France hexagonale, leur donne des conseils pédagogiques pour réussir leurs études, et les sensibilise aussi au « danger des achats rapides ». « Ici, la vie est beaucoup moins chère qu’en Nouvelle-Calédonie, ils ont envie de tout », et avec une monnaie différente du Franc Pacifique, dont ils ont l’habitude, la tentation est grande de dépenser plus qu’ils ne devraient, explique Mme Siraut.
« Il y a aussi une différence de codes, de cultures, entre la Nouvelle-Calédonie et la Métropole ». « Vous êtes une population plutôt timide, il est important d’oser aller vers les gens », leur dit-elle. « Les gens, c’est pas pareil que chez nous, ils sont pas très accueillants », estime Marie-Andrée Wenahin, 19 ans, originaire de Poindimié (province nord), en BTS des métiers de l’eau près de Toulouse. « On a peur de les regarder dans les yeux, on regarde par terre », avoue-t-elle. Mme Siraut les prépare aussi « aux questions idiotes ». « Parfois on leur demande s’ils ont l’électricité, dans quoi ils mangent, s’ils sont Français », déplore-t-elle. « Des étudiants me disent : ‘Mais ils nous prennent vraiment pour des sauvages et des gens pas éduqués !’ ».
Avec AFP.