4ème Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes: « Insérer les Outre-mer de la Caraïbe et de l’Amérique dans cette région »

4ème Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes: « Insérer les Outre-mer de la Caraïbe et de l’Amérique dans cette région »

Du 27 mai au 9 juin aura lieu la 4ème édition de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes, à Paris et partout en France. Pour l’occasion, plusieurs événements, manifestations, expositions, colloques ou conférences, seront organisés autour de thèmes allant de la Culture à l’Economie et à l’Histoire, la Gastronomie ou encore la Politique.

Partenaire de cet événement singulier, Outremers360 a rencontré Antoine Grassin, Ambassadeur et Chargé de mission auprès de la Directrice des Amériques au Quai d’Orsay. Il nous explique la genèse de cet événement, son but et la place des Outre-mer du bassin caribéen dans les relations entre la France et l’Amérique latine.

Outremers360: Comment est née la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes ? Quel est l’objectif, le sens d’un tel événement ?

Antoine Grassin: Le point de départ est une initiative du Sénat qui en 2011 vote à l’unanimité une résolution qui fixe le 31 mai de chaque année comme jour de l’Amérique latine et des Caraïbes.  En 2014, le Président de la République François Hollande demande au Quai d’Orsay de coordonner la montée en régime de cette initiative et d’en faire une semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes. Très vite, cette initiative va se développer puisqu’en trois ans nous avons, chaque année, doublé le nombre d’événements.

Antoine Grassin, Ambassadeur et Chargé de mission auprès de la Directrice des Amériques au Quai d'Orsay ©Outremers360

Antoine Grassin, Ambassadeur et Chargé de mission auprès de la Directrice des Amériques au Quai d’Orsay ©Outremers360

Cette année nous sommes plutôt dans une phase de consolidation. En vérité, on est presque sur trois semaines d’événements liés à cette Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes. En tout, 220 événements sont organisés dans une centaine de lieux différents avec 80 partenaires et organisateurs. C’est un ensemble assez foisonnant.

Le sens de cet événements, c’est de célébrer les liens entre la France et cette région, de montrer cette diversité, dans les domaines culturel, académique, économique et politique, et de se connaître davantage pour renforcer ces liens.

Quelle est la place des Outre-mer du bassin caribéen et de la Guyane dans les relations entre la France et l’Amérique latine ?

La France appartient à l’espace latino-américain et caribéen par ses Collectivités: Saint-Martin, Saint-Barthélemy, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane. La Guyane par exemple, nous vaut d’avoir une très longue frontière avec le Brésil, ce qui fait que nous partageons beaucoup de préoccupations globales sur des questions de lutte contre les trafics, de sécurité, d’immigration et de protection de l’environnement.

La France souhaite valoriser l’intégration des communautés ultramarines de l’espace latino-américain et caribéen dans les relations entre la France, l’Europe et ce continent. C’est d’ailleurs un des thèmes d’un des principaux colloques qui a lieu pendant l’événement, organisé par l’Institut des Amériques et la Fondation Euro-latino-américaine (ELAC). Le titre de ce colloque est « Le rôle de la Caraïbe dans la relation avec l’Union Européenne ». L’objectif est vraiment d’insérer les Outre-mer de la Caraïbe et de l’Amérique dans cette région afin de mieux garantir leur développement économique par davantage d’échanges, et veiller à ce qu’ils ne soient pas à l’écart de ces relations.

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Il y a d’ailleurs plusieurs manifestations qui renverront spécifiquement à la zone Caraïbes: dans le domaine culturel avec une exposition sur les traditions musicales de la Jamaïque, « Jamaica Jamaica » et deux autres manifestations, l’une sur « la Vocation africaine de Cuba » et il y a aussi un séminaire sur les héroïnes de la Caraïbe, toutes ces femmes qui ont été en résistance contre les colonisateurs, le capitalisme. Ce séminaire passera en revue une dizaine de figures féminines qui se sont inscrites dans des luttes révolutionnaires, d’indépendance dans la zone des Caraïbes. Une autre manifestation culturelle est la grande exposition de la Maison de l’Amérique latine consacrée à un grand peintre cubain et puis on aura une réflexion sur les 40 ans de présence de l’AFD en Haïti.

Comment évolueront les relations entre la France, l’Amérique latine et les Caraïbes dans les prochaines années ? Quelle dimension prendront-elles ?

Nous partons d’une relation historique avec des valeurs largement partagées. il n’y a pas d’autres zones du monde où nous ayons une même communauté de valeurs, liée au contexte historique dans lequel les indépendances ont eu lieu sur tout ce continent. Ces indépendances ont été marquées par les valeurs de la Révolution française. Par la suite, cette relation s’est toujours maintenue. Le Président de la République François Hollande lui a donné une impulsion significative.

Affiche de l'exposition "Frida Kahlo, esquisse de a vie" qui aura lieu à Lyon le 23 mai

Affiche de l’exposition « Frida Kahlo, esquisse de a vie » qui aura lieu à Lyon le 23 mai

Notre souhait, notre ambition c’est de garder ces niveaux de relations et d’en faire une base pour travailler ensemble sur un certain nombre de grands enjeux mondiaux: la lutte contre le changement climatique, la santé, la lutte contre les inégalités, l’éducation, la formation puisque la France est le 3ème pays d’accueil des étudiants latino-américains après les Etats-Unis et l’Espagne, et la sécurité. Nous pensons aussi que nous pouvons énormément développer notre coopération économique. Le but est aussi que ces pays jouent un rôle plus important sur la scène internationale.

Comment se portent économiquement ces pays aujourd’hui ?

Ces pays ont des fragilités. Ils sont majoritairement dépendants de leurs ressources du sous-sol dont les cours sont soumis à des variations que l’on ne contrôle pas. Ces dernières années, on a assisté à une conjoncture exceptionnelle. Ils ont enregistré des gains très importants, mais cette conjoncture s’est ensuite retournée. On s’est rendu compte qu’ils n’avaient pas profité de ce plus pour investir et transformer leurs économies.

Il y a donc trois impératifs pour ces économies: la transformation productive, la réduction des inégalités ou ce qu’on appelle la croissance inclusive, et enfin, mettre en place un vrai système de captation des ressources fiscales pour avoir une politique de développement des services publics et d’accès aux services publics, nécessaire justement pour lutter contre les inégalités. Mais globalement, ces pays vont vers le mieux.

Consulter le calendrier des événements de la 4ème Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes

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