Washington n’a plus la prééminence militaire dans le Pacifique

Washington n’a plus la prééminence militaire dans le Pacifique

©Anthony Rivera / AFP

Les États-Unis n’ont plus la prééminence militaire dans le Pacifique et pourraient avoir de plus en plus de difficultés à défendre leurs alliés contre la Chine, dont l’influence est de plus en plus forte dans la zone, estime un centre de réflexion australien reconnu dans un rapport cinglant.

Dans cette analyse diffusée lundi, le Centre des études sur les États-Unis de l’Université de Sydney décrit l’armée américaine comme une « force en train de s’atrophier » dont les capacités sont « dangereusement dépassées » et « mal préparée » pour une confrontation avec la Chine. Si elle est correcte, cette évaluation a de lourdes implications pour de nombreux alliés des États-Unis, qu’il s’agisse de l’Australie, de Taïwan ou encore du Japon qui dépendent beaucoup des garanties américaines en matière de sécurité.

L’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, avec son credo de « l’Amérique d’abord », a ajouté aux craintes d’un désengagement des États-Unis, qui seraient moins enclins à défendre leurs alliés dans l’hypothèse d’une agression de la Chine par exemple. Mais ce rapport laisse penser que, même s’ils souhaitaient intervenir, les États-Unis pourraient avoir du mal à le faire.

Les auteurs de l’étude évoquent même une « insolvabilité stratégique » de Washington en avançant que des décennies de guerre et d’engagement au Proche et Moyen-Orient et de sous-investissement dans le Pacifique ont eu pour conséquence d’exposer les alliés des États-Unis en Océanie. « La Chine, en revanche, est de plus en plus capable de défier l’ordre régional par la force du fait de ses investissements de grande ampleur dans les systèmes militaires avancés », indiquent-ils.

Sous la présidence de Xi Jinping, le budget officiel de la défense en Chine a progressé de près de 75% à 178 milliards de dollars. Un chiffre qui serait en dessous de la réalité. Pékin a notamment investi dans des systèmes de missiles balistique de précision et dans des systèmes de contre-intervention qui compliqueraient la tâche pour les forces américaines qui tenteraient de rejoindre une zone contestée.

A en croire cette étude, « presque toutes les bases américaines, alliées, les pistes d’atterrissage, les ports, les installations militaires du Pacifique Ouest » manquent d’infrastructures renforcées et sont menacées. Ces faiblesses font que la Chine pourrait s’emparer de territoires taïwanais, d’îles administrées par le Japon ou de zones de mer de Chine méridionale avant que les forces américaines n’aient le temps d’intervenir.

Ces experts préconisent pour contrer la montée en puissance de la Chine le déploiement de missiles terrestres américains ainsi qu’un changement de rôle du Corps des marine et une réévaluation des stratégies de défense régionale impliquant le Japon et l’Australie.

Avec AFP.