Venezuela: Manifestations pour la destitution de Maduro

Venezuela: Manifestations pour la destitution de Maduro

©JCTate1215

Ce jeudi 1er septembre ont eu lieu des manifestations dans tout le Venezuela et principalement à Caracas où se sont rassemblées environ un million de personnes selon le MUD, (coalition d’opposition au gouvernement chaviste de Maduro), 30000 selon les autorités bolivariennes. Des rassemblements solidaires ont également eu lieu à Paris, New-York et dans plusieurs villes canadiennes.

Depuis plusieurs mois déjà, le Venezuela fait face à une crise sans précédent, notamment illustrée par une pénurie alimentaire. Il y a quelques jours, Le MUD a lancé un appel à manifester en faveur d’un référendum révocatoire à l’encontre du Président Maduro, référendum qui tient en haleine le pays. Le gouvernement, lui, a été pris au dépourvu ne pouvant répondre ni par la violence -dont il accuse fréquemment l’opposition-, ni par la raison -le président s’est exprimé, insultant des figures emblématiques du MUD-.

Caracas, 9h30 : dans tous les quartiers, aisés (Altamira, Chacaito…) ou pauvres (El Paraiso, Catia…), les citoyens se rassemblent par collectifs. Malgré la pluie, ils entreprennent de se diriger vers les principaux boulevards pour un objectif commun : faire entendre leur mécontentement et demander un référendum, dans la paix et la démocratie. Partout des personnes habillées en blanc brandissent des drapeaux et pancartes mais chantent et dansent aussi, évitant toute violence. Des fonctionnaires volontaires, et visiblement opposants engagés, forment un cordon de sécurité pour protéger les manifestants tandis que les familles des prisonniers politiques se joignent au mouvement. Les files d’attente, devenues le quotidien des vénézuéliens depuis quelques années, ont disparu le temps d’une journée ; aucun bus ne circule plus : s’il ne s’agit que de l’opposition, on peut aisément dire qu’elle tend à n’être plus minoritaire.

Une foule importante a défilé ce 1er septembre dans les rues de Caracas

Une foule importante a défilé ce 1er septembre dans les rues de Caracas

Cependant, dès 10h, le gouvernement intervient. Malgré l’interdiction de survol, des hélicoptères militaires surveillent Caracas, menaçants et dissuasifs. La Garde Nationale Bolivarienne (GNB) disperse des manifestants en différents points avec des bombes lacrymogènes et procèdent à diverses arrestations. Le cordon de sécurité volontaire entrepris par des fonctionnaires est rompu ; certains sont arrêtés. Au moins quinze étudiants sont interpellés -ce qui n’est pas sans rappeler les événements survenus il y a quelques années lors des manifestations étudiantes-, mais aussi des journalistes dont le matériel et les images sont réquisitionnés. Des membres importants du MUD sont interpellés. Des échauffourées éclatent et font au moins vingt blessés. Néanmoins, les réseaux sociaux, et notamment Twitter, diffusent des images grâce aux nombreux enregistrements de smartphones. Des journalistes filment les événements en caméra cachée, parfois à moto pour passer inaperçu. Dans les médias vénézuéliens -appartenant pour la plupart à l’Etat-, rien n’apparaît alors que Telesur retweete un article titré « le complot violent du MUD en marche ».

Le 12 août dernier, le Président Maduro avait annoncé une augmentation de 50% du salaire minimum, ses opposants ont néanmoins souligné que cette hausse du salaire est très insuffisante pour compenser les effets de l’inflation, qui a été de 181% en 2015, selon des données officielles. Le secrétaire exécutif du MUD, Jesus Chuo Torrealba appelle à de nouveaux mouvements dès le 7 septembre dans l’espoir que la relative réussite de cette « prise de Caracas » inspire ceux qui craignent de sortir exprimer leur colère.

Ixchell GM