Cette semaine, la Région Réunion a annoncé que la continuité régionale dans le sens hexagone-Région sera effective à partir du 16 août. Une annonce dont Wilfrid Bertile se félicite.
Oui, ne boudons pas notre plaisir. Saluons la décision de la Région d’étendre l’aide aux voyages au trajet Métropole-Réunion. Cela permettra aux Réunionnais installés en France hexagonale de revenir périodiquement au pays sans se ruiner.
La chose existait par le passé. L’ANT qui prit la suite du BUMIDOM en 1982, avait instauré en faveur des Domiens de l’Hexagone deux dispositifs, les voyages-vacances et les voyages familiaux, à tarifs réduits. Malgré leur grand succès, il y a été mis fin en 1993 pour des raisons budgétaires.
Il faut donc savoir gré à la Région de mettre en œuvre cette aide aux voyages dans le sens Métropole-Réunion. L’Etat accorde bien à ses fonctionnaires réunionnais de Métropole un congé périodique à La Réunion, afin qu’ils puissent s’y ressourcer. Ce besoin de ressourcement vaut aussi pour les Réunionnais émigrés non fonctionnaires, souvent ayant charge d’enfants, ce qui rend le déplacement encore plus onéreux, d’autant plus qu’il a lieu lors des vacances scolaires quand le prix des billets explose. Les faire bénéficier de la continuité territoriale est une mesure très positive, pour des raisons humaines et culturelles évidentes.
Elle l’est aussi pour des motifs économiques. En effet, une telle action ne peut que « booster » le tourisme affinitaire qui représente 48% des visiteurs de La Réunion. Les marges de croissance de ce type de tourisme sont énormes : il y a de plus en plus de Métropolitains à La Réunion qui y invitent parents et amis et de Réunionnais en Métropole qui veulent retourner périodiquement au pays.
C’est enfin une façon de dynamiser les dépenses régionales. Quand l’aide au voyage est accordée dans le sens Réunion-Paris, les bénéficiaires vont dépenser leur argent en Métropole. A l’inverse, les Réunionnais qui reviennent à La Réunion y feront des dépenses durant leur séjour. L’effet levier de l’aide régionale aux voyages dans ce sens est réel.
Quoi qu’il en soit, le problème de la continuité territoriale reste entier. Une vraie continuité territoriale, constitue en effet une question essentielle pour le devenir de La Réunion. Elle se pose pour toutes les îles rattachées à un Etat continental puisque l’insularité crée des ruptures de charge, provoquant des surcoûts, et puisque l’éloignement augmente les frais d’approche. Une vraie continuité territoriale doit concerner les déplacements de personnes, les échanges de produits et une péréquation du prix de certains facteurs comme le numérique à l’image de ce qui a été fait pour l’électricité. Le combat continue.
Wilfrid Bertile, ancien maire de Saint-Philippe (1971-1989), ancien député de la Réunion (1981-1986), Professeur agrégé des facultés, ancien Secretaire General de la COI (2001-2004).