Tahiti Mahana Beach: Vague de gardes à vue au gouvernement polynésien

Tahiti Mahana Beach: Vague de gardes à vue au gouvernement polynésien

©Cédric Valax / Radio 1 Tahiti
Les faits remontent à lundi et concernent le 1,6 million d’euros de marchés et d’études juridiques destinés au projet hôtelier polynésien Tahiti Mahana Beach. Tour à tour, le directeur de cabinet du ministre polynésien de l’Equipement, Albert Solia, son juriste, le ministre lui-même et maintenant le Président de la Polynésie française ont été entendus et placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour « favoritisme » et « prise illégale d’intérêts ».
Le projet de complexe hôtelier « le plus important de France » a du plomb dans l’aile. En janvier dernier, des perquisitions ont été effectuées au sein du ministère de l’Equipement et de l’établissement public Tahiti Nui Aménagement et Développement (TNAD), rapporte Radio 1 Tahiti. Suite à cette perquisition, le directeur de cabinet du Ministère de l’Equipement, Heifara Garbet, et le juriste du Ministère, Renaud Kletry, ont été placés en garde à vue lundi matin, à la Direction de la Sécurité Publique (DSP). Ouverte fin 2015, l’enquête, menée par les policiers de la DSP et du Groupe d’intervention régional (GIR), porte sur des soupçons de « favoritisme » et « prise illégale d’intérêts », sur les conditions de passation de plusieurs marchés publics et « d’expertises », entre 2013 et 2015, passés entre TNAD et des cabinets d’avocats internationaux dans le cadre du projet hôtelier. Selon les investigations, les marchés passés concernent au moins deux voire trois cabinets d’avocats basés à Londres et Singapour. La commission d’appel d’offres du Ministère de l’Equipement avait retoqué ces marchés d’études juridiques en 2013. Ils ont ensuite été passés  sous la forme de « marchés à bons de commande » mentionnant les mêmes bénéficiaires, pour une somme globale de près de 200 millions de Francs pacifique, soit environ 1,6 million d’euros.
Albert Solia, ministre polynésien de l'Equipement ©Cédric Valax / Radio 1 Tahiti

Albert Solia, ministre polynésien de l’Equipement ©Cédric Valax / Radio 1 Tahiti

Dans la foulée de ces deux premières gardes à vue, c’est le ministre de l’Equipement, Albert Solia, qui a été entendu par les policiers de la DSP, durant toute la journée de mardi. Celles du directeur de cabinet et du juriste ont été reconduites cette même journée. Les trois gardes à vue ont finalement été levées mardi soir. Pour l’heure, la présomption d’innocence est requise jusqu’à la fin de la procédure pénale et c’est au Parquet, qui doit recevoir le dossier de l’enquête, de décider de l’ouverture ou non d’une information judiciaire. Dans le détail, l’enquête pour « favoritisme » a été ouverte afin de savoir s’il y a eu atteinte à l’égalité d’accès des candidats dans l’attribution de ces marchés tandis que celle pour « prise illégale d’intérêts » se concentre sur la présence de proches du TNAD au sein des cabinets d’avocats internationaux cités. Ces cabinets d’avocats avaient pour mission d’aiguiller, par des expertises, le gouvernement polynésien dans le choix des projets proposés pour le futur complexe hotelier de grande envergure Tahiti Mahana Beach, et notamment dans le domaine juridique, économique et financier.
Dernier rebondissement mardi à 17 heures (heure locale), le Président de la Polynésie française Edouard Fritch a également été entendu par la DSP, en tant que simple témoin, dans cette même affaire. Quelques heures avant lui, c’est le Secrétaire général du gouvernement Philippe Machenaud ainsi qu’une juriste de son service qui ont été entendus par les enquêteurs, également en tant que simples témoins. Le Président de la Polynésie française a pu, quant à lui, quitter les locaux de la DSP à 19 heures.