Les sénatrices Gisèle Jourda (Aude), Viviane Mallet (La Réunion), Catherine Conconne (Martinique) et la sénatrice de Polynésie française Lana Tetuanui ont dressé un état des lieux du sport dans les outre-mer. Elles mettent en exergue un levier de développement «laissé en jachère» dont «il y a urgence à faire fructifier».
Si les territoires ultramarins ont acquis au fil des compétitions leurs statuts de « terre de champions», ils accusent un déficit important en termes d’infrastructures sportives.« Il est urgent de donner l’élan nécessaire au sport ultramarin pour être à la hauteur des talents de nos champions» a clamé Gisèle Jourda, sénatrice de l’Aude et co-rapporteur de ce rapport «Quels tremplins pour le sport en outre-mer». La parlementaire s’est dit choquée par la vétusté et le vieillissement des équipements sportifs. La triple insularité, les conditions climatiques, l’immensité géographique ou la taille critique démographiques sont autant de facteurs qui expliquent ce retard dans la mise à niveau du parc sportif en Outre-mer. Au total, la délégation sénatoriale a édité 30 propositions pour faire du sport un vecteur de de « cohésion sociale, de développement et de rayonnement.
Les rapporteuses précisent qu’il faut procéder un rattrapage en termes de d’équipements sportif dans les territoires en développant des recours à des installations amovibles et modulaires mais en engageant un réel plan pluriannuel de rattrapage. Les sénatrices ont ainsi regretté la non continuité du Plan Kanner lancé en 2016 ( plan de 80 millions d’euros sur 4 ans) qui avait suscité de nombreux espoirs. « Les crédits en 2018 ont fortement chuté à 12 millions d’euros au lieu des 20 millions d’euros attendus » indique Gisèle Jourda.
«Une meilleure coordination entre les différents acteurs du sport»
Les auteures du rapport ont aussi mis l’accent sur la place du sport comme un levier important en terme de cohésion sociale et d’enjeux sanitaires (lutte contre les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité). « En Outre-mer, nous sommes pas encore conscients du rôle du sport dans l’équilibre de l’individu et au niveau de la cohésion» a souligné Michel Magras, président de la délégation sénatoriale aux Outre-mer. De son côté, la Sénatrice de La Réunion Vivianne Mallet a insisté sur la mise en place de schémas territoriaux de développement du sport, la nécessité de généraliser un « pass sport» qui permet d’être licencié dans une discipline, mieux épauler le cadre associatif et soutenir l’encadrement sportif.
Le sport comme vecteur de rayonnement des territoires
Selon les sénatrices, le sport constitue une composante importante du patrimoine des territoires ultramarins. Entre le va’a en Polynésie, la yole ronde en Martinique ou le Grand Raid à La Réunion, les grands événements sportifs participent aussi à renforcer l’image d’une destination ou d’une culture. C’est dans ce cadre que la délégation sénatoriale propose de faire reconnaître d’une part, les disciplines sportives traditionnelles (le va’a, la yole ronde, le djokan guyanais) au sein du patrimoine culturel immatériel national.
D’autre part, la délégation préconise de promouvoir la possibilité pour les sportifs ultramarins de concourir à la fois sur leur bannière régionale et nationale afin de mieux promouvoir la visibilité des territoires et favoriser leur intégration dans leur environnement régional. Dans le cadre des Jeux des îles de l’Océan indien, les sénatrices appellent à poursuivre le dialogue dans la révision de la Charte de cette compétition pour permettre une juste participation de Mayotte. La délégation soumet la proposition de « faire des Outre-mer des bases avancées d’entraînement pour les équipes étrangères» à l’approche des Jeux de Paris en 2024.
Afin que ce rapport ne reste pas lettre morte, la délégation sénatoriale aux Outre-mer a annoncé qu’elle remettra en mains propres ce document prochainement à la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu.