Soibahadine Ibrahim président de la conférence des présidents des RUP demande « un plan de relance économique ambitieux »

Soibahadine Ibrahim président de la conférence des présidents des RUP demande « un plan de relance économique ambitieux »

© Département de Mayotte

Dans un courrier en date du 7 avril 2020, le président de la conférence des présidents des régions ultrapéripériphériques (RUP) et président du Conseil Departemental de Mayotte, Soibahadine Ibrahim Ramadani, attire l’attention des responsables de la commission européenne, du conseil de l’Union européenne, du Parlement Européen et du Comité des régions sur la situation liée à la pandémie mondiale du covid-19.

« Les conséquences humaines, particulièrement dramatiques que cette pandémie provoque d’ores et déjà sur l’ensemble du continent européen, suscitent de lourdes et de profondes inquiétudes quant à une poussée épidémique et à ses effets dans nos régions », indique le président, soulignant que « cette pandémie renvoie davantage, et avec gravité, les régions ultrapériphériques (RUP) au cœur de la problématique de leurs contraintes structurelles reconnues à l’article 349 du Traité de Fonctionnement de l’Union européenne ».

« Face à cette crise sanitaire majeure et à ses retombées sociales et économiques qui s’annoncent massives, les RUP présentent une vulnérabilité accrue », précise le président, qui évoque l’absence de solution de repli dans leurs zones géographiques respectives et un sous-dimensionnement de leurs systèmes de santé au regard de la taille de leur population.

« Les RUP restent loin de tout, à un moment crucial, où l’urgence est de garantir la mise à disposition de tous les moyens nécessaires pour permettre aux professionnels de santé de mener leurs missions à bien et en toute sécurité », déplore Soibahadine Ibrahim Ramadani.

Frontières extérieures de l’Union européenne, ces Régions démontrent pour certaines une difficulté plus grande à se prémunir, face aux afflux de migrants irréguliers et en conséquence, à contenir le risque d’une plus large propagation du virus sur leur territoire, indique l’élu de Mayotte.

Parmi les points qu’il soulève : les restrictions liées au confinement posent la question du déficit de couverture numérique qui entraîne des difficultés à mettre en place les dispositifs nécessaires pour assurer une continuité des activités et services (télétravail, école à distance, télémédecine…), « laissant de fait une partie de la population sans solution ».

La situation économique est aussi évoquée. « Les effets immédiats de la crise sur les économies européennes (baisse de la production, chômage, faillites…) s’étendront avec une intensité accrue dans nos régions » diagnostique l’élu, évoquant en particulier le fait que « la majorité des secteurs d’activité économique à l’arrêt, ou dont l’activité est sérieusement ralentie, nécessiteront pour se relever, d’appuis exceptionnels ».

« L’impact de la pandémie sur le secteur du transport aérien et maritime et plus largement sur la mobilité internationale, impact dont il est difficile de prévoir la durée, constitue le défi majeur auquel le secteur touristique devra faire face » écrit également le président s’agissant d’un secteur particulièrement sensible à la conjoncture internationale et à la confiance.

« De même, au regard du contexte actuel, les secteurs de la pêche et de l’agriculture au sein des RUP font face à de grandes difficultés de production et d’écoulement de leurs produits au niveau international, national mais aussi local du fait de la fermeture de nombreux débouchés (restaurants, hôtels, cantines, marchés locaux…) » note-il, craignant « une crise profonde et durable qui se traduira, entre autres, par une forte augmentation du chômage dans nos régions » lesquelles enregistrent déjà des taux de chômage structurels très élevés, en particulier chez les jeunes.

Et l’élu de suggérer que « cette période de grande incertitude nécessitera sans délai un plan de relance économique ambitieux ainsi qu’un accord sur un mécanisme de solidarité financière afin de permettre à l’Union européenne de jouer un rôle accru dans la reconquête de la confiance des citoyens européens et du développement économique et humain qui l’accompagne ».

Il invite l’ensemble des institutions européennes à tenir pleinement compte de la spécificité des RUP au regard de « leur vulnérabilité extrême face à cette crise sanitaire et à ses retombées économiques et sociales ».

Par Amélie Rigollet