Au centre, Philippe Germain, président du gouvernement calédonien ©La Dépêche de Nouvelle-Calédonie
Quatre ans après la création du parc naturel de la mer de Corail, une aire marine protégée de 1,3 million de Km2, le gouvernement calédonien vient de placer la totalité des récifs pristines sous les plus hauts niveaux de protection. La Nouvelle-Calédonie se doterait ainsi de la plus grande réserve intégrale au monde. Un sujet de notre partenaire La Dépêche de Nouvelle-Calédonie.
Une nouvelle étape vient d’être franchie pour la préservation de la biodiversité marine et récifale. Avec la création du Parc naturel de la mer de Corail, en 2014, la Nouvelle-Calédonie avait déjà constitué la plus grande aire marine protégée de France, mais aussi l’un des plus vastes au monde avec 1,3 millions de Km2. Quatre ans et de nombreux rebondissements plus tard, elle vient de se doter d’un plan de gestion qui devrait faire parler d’elle bien au-delà du récif.
« Même si je n’en ai pas encore la preuve scientifique, pour de nombreux spécialistes, la décision que nous venons de prendre ce matin au gouvernement fait que la Nouvelle-Calédonie possèdera désormais la plus grande réserve intégrale au monde », a annoncé d’emblais Philippe Germain, le président du gouvernement, en conférence de presse. Après quatre ans de travaux du Comité de gestion du Parc naturel de la mer de Corail, une consultation publique menées du 28 juin au 12 juillet, les trois arrêtés adoptés ce matin en séance du gouvernement vont permettre de placer sous les plus hauts niveaux de protection la totalité des récifs les plus précieux du Parc (NDLR : la Nouvelle-Calédonie possède un tiers des récifs pristines de la planète).
28 000 km2 sous haute protection
Ainsi, 7 000 km2 de récifs, une partie de Chesterfield-Bellona, d’Entrecasteaux, mais également la totalité de Pétrie et Astrolabe accèdent au statut de réserves intégrales. C’est le plus haut niveau de protection utilisé dans le monde par la commission de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « Dans ces zones aucun accès, ni activité humaine ne sont autorisés sauf dans le cadre de recherches scientifiques validées au préalable par arrêté du gouvernement », précise le président du gouvernement. Dans le même temps 21 000 km2 de récifs, soit une superficie supérieure à celle de la Grande Terre, sont classés en réserve naturelle, le deuxième niveau de protection de l’UICN. Dans ces zones la pêche est interdite, tout comme de nombreuses autres activités, et de toute façon l’accès est soumis à autorisation du gouvernement selon des conditions très strictes. Aucun prélèvement n’y est permis et des droits d’accès payants sont instaurés précisent les textes.
Avec cette décision le gouvernement protège 3,3 km2 de terres émergées « essentielles à la reproduction des oiseaux marins et des tortues vertes, soit 100 % des îles basses du Parc », mais aussi 1 634 km2 de récifs coralliens, soit 100 % des récifs pristines du Parc ou 36 % des récifs de Nouvelle-Calédonie. 12 377 km2 de lagons associés aux récifs pristines sont maintenant protégées, soit 39 % des lagons calédoniens, mais aussi 696 Km2 de récifs inondés « utilisés comme lieux de reproduction des baleines ».
Le deuxième arrêté pris ce matin organise les activités dans le Parc de la mer de Corail notamment le tourisme professionnel qui n’était jusqu’alors pas réglementé. A partir d’aujourd’hui, il est autorisé que sous certaines conditions et uniquement hors des réserves intégrales. « Lorsque l’on parle du Parc, il s’agit de tout ce qui est à l’extérieur du lagon, à 12 miles après le récif », tient à préciser Philippe Germain. « Il faut être très clair avec les Calédoniens et ne pas les effrayer inutilement. Nous ne sommes pas en train de réglementer la plaisance ni la pêche à l’intérieur du lagon ».
Le soutien de John Kerry
Enfin, le troisième arrêté crée le plan d’action 2018-2022 pour les fameux atolls d’Entrecasteaux, inscrits depuis 2008 au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette aire marine protégée est dotée depuis 2013 d’un plan d’actions propre qui vient d’être renforcer. Certaines réserves deviennent intégrales et tout le reste de l’Atoll passe en réserve naturelle.
Pour le président du gouvernement, qui se félicite du travail accompli avec tous les partenaires, ce plan de gestion n’est que la première étape d’un long chemin. « J’espère que ce plan va faire prendre conscience aux Calédoniens de la chance qu’ils ont de vivre au cœur d’un patrimoine exceptionnel à l’échelle de la planète et donc de la nécessité de le préserver chacun à son échelle. Mais seul, nous n’y arriverons pas ! Ce patrimoine nous concerne tous et j’espère le soutien de la communauté internationale ». Un message semble-t-il entendu puisque l’association The Pew Charitable Trusts Nouvelle-Calédonie a remis à Philippe Germain, pendant la conférence de presse, un courrier de soutien et d’encouragement de l’ancien candidat à la Maison Blanche et ancien secrétaire d’État de l’administration Obama, John Kerry, devenu ambassadeur de l’ONG.