Alors que plusieurs poussées de violences ont eu lieu ces derniers jours à Mayotte, le député Mansour Kamardine demande au Premier ministre une « réunion d’urgence » à Matignon, avec l’ensemble des parlementaires de l’île.
« Depuis six mois l’insécurité explose à Mayotte avec un recours à une violence jamais connue », alerte le député dans une lettre adressée à Édouard Philippe. Très tôt ce vendredi, dans la commune de Koungou, des personnes ont été agressées et des voitures et des bus scolaires « caillassés », rapporte Mayotte La 1ère. Quelques minutes plus tard, c’est le lycée professionnel de Kahani qui a été pris pour cible. « On réduit nos enfants à venir à l’école en les préparant à se tuer ! », a déclaré une mère de famille qui attendait les explications du recteur de l’île. « On banalise la violence et on accepte que nos enfants tolèrent la violence et viennent à l’école en se préparant à se battre avec des gens qui entrent avec des machettes et bombes lacrymo ».
Selon les dernières nouvelles sur place, en plus des dégâts matériels, un nourrisson d’environ trois mois est décédé après avoir inhalé du gaz lacrymogène. En 2018, ce sont des agressions perpétrées dans ce lycée qui accueille des élèves venus de tout le département qui a avait été à l’origine de la grande mobilisation générale contre les violences à Mayotte, rappelle encore Mayotte la 1ère. Depuis le début de la semaine, le personnel enseignant de plusieurs établissements scolaires du département s’insurge contre l’insécurité en exerçant son droit de retrait.
Outre ces récentes violences, un jeune homme de 18 ans a été agressé à coup de marteau ce jeudi, juste devant le lycée de Pamandzi. Dimanche, des violences avaient éclatés à Kaweni, après la mort d’un homme d’une trentaine d’années qui a été abattu par un policier. Selon les enquêteurs, l’homme abattu assenait des coups du matraque sur la tête d’un autre homme. Jeudi, le collectif des citoyens de Mayotte, très actif lors de la crise sociale de 2018, manifestait en soutien au policier.
« Depuis six mois j’alerte votre représentant à Mayotte et le Ministre de l’Intérieur sur l’évolution très défavorable de la situation dans le 101ème département », a poursuivi Mansour Kamardine dans sa lettre. Le député souligne « un déni de réalité de votre représentation locale et une inertie du Ministère de l’Intérieur ». Mansour Kamardine avait plusieurs fois demandé « d’organiser des assises de la sécurité à Mayotte associant l’ensemble des acteurs concernés pour trouver des solutions globales innovantes et pérennes ».
« La situation est pire que celle qui avait déclenché le grand mouvement social de février et mars 2018 », alerte encore le député. « Des agressions barbares au coupe-coupe, au couteau, au marteau ont lieu quasi quotidiennement. Des émeutes perturbent plusieurs fois par semaine l’ordre public. Des bandes violentes écument des quartiers sur une partie croissante du territoire. Des agents des forces de l’ordre sont agressés quotidiennement ». « La situation est hors de contrôle et pourrait s’embrasser à tout moment », souligne encore le député.