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Un fond de 3 millions d’euros, la nomination d’un référent national, mobilisation du milieu de la recherche…. Le gouvernement a annoncé plusieurs séries de mesures pour lutter contre les sargasses.
Deux semaines après la rencontre avec les élus antillo-guyanais sur le dossier de l’invasion des sargasses, les Ministres Nicolas Hulot, Agnès Buzin, Frédérique Vidal et Annick Girardin ont annoncé une dizaine de mesures pour faire face aux invasions de sargasses au large des côtes des Antilles et de la Guyane. A travers ces mesures, le gouvernement entend mener une collecte des algues sans délais après leur échouage, priorité première en matière de lutte contre les conséquences des sargasses. Objectifs: limiter l’exposition des populations à l’hydrogène sulfuré, un gaz incommodant et toxique.
Des fonds et des moyens supplémentaires
Le gouvernement a annoncé entre autres notamment la nomination d’un responsable national qui sera chargé de la rédaction d’un plan national de lutte contre les sargasses. Ce plan sera décliné pour chaque territoire et est baptisé plan d’urgence local sargasses (PULSAR), mais aussi la mise en place d’un pilotage national par les ministères des outre-mer, de la transition écologique et solidaire, des solidarités et de la santé ainsi que du ministère de l’intérieur. Au niveau local, la coordination sera assurée par le préfet de zone Antilles, préfet de Martinique, en liaison avec les préfets de Guyane et de Guadeloupe. Un fonds de 3 millions d’euros de crédits Etat sera débloqué pour l’acquisition, de machines performantes de ramassage et des équipements de protection individuels pour les équipes de ramassage. Des moyens humains supplémentaires seront également déployés avec la venue prochaine d’une mission d’assistance de la Sécurité civile (MASC).
La région Antilles-Guyane connaît depuis 2011, des épisodes d’invasions d’algues sargasses. En 2014-2015 le phénomène ne s’est quasiment pas interrompu. En 2016 les échouages ont été plutôt faibles. Un nouvel arrivage massif est en cours sur les Antilles depuis fin février 2018. Selon les observations satellitaires, la saison 2018 devrait apporter encore davantage de sargasses que celle de 2014-2015. La Guyane n’avait quant à elle subi des échouages qu’en 2015. Depuis le mois d’avril 2018
Ces échouages d’algues brunes ont de nombreuses conséquences sanitaires (odeurs nauséabondes et émission de gaz), économiques (ports bloqués pénalisant directement le tourisme, les activités de pêche). Dans un communiqué commun, les parlementaires guadeloupéens Olivier Serva, Justine Bénin, Max Mathiasin et Dominique Théophile ont salué ces annonces « concrètes » et « satisfaisantes ». Ils appellent toutefois « à la vigilance de l’Etat sur le risque d’aggravement de ce phénomène qui est amené à se répéter ».
Les mesures gouvernementales du Plan Sargasses
– La nomination d’un référent national chargé de la rédaction d’un plan national de lutte contre les sargasses, plan qui sera décliné pour chaque territoire en plan d’urgence local sargasses (PULSAR).
– La mise en place d’un pilotage national par les ministères des outre-mer, de la transition écologique et solidaire, des solidarités et de la santé ainsi que du ministère de l’intérieur.
– Au niveau local, la coordination sera assurée par le préfet de zone Antilles, préfet de Martinique, en liaison avec les préfets de Guyane et de Guadeloupe.
– Le déblocage d’un fonds de 3 millions d’euros de crédits Etat pour l’acquisition, aux côtés des collectivités et des fonds communautaires, de machines performantes de ramassage et des équipements de protection individuels pour les équipes de ramassage.
– Le déploiement de moyens humains dédiés pour l’organisation et le ramassage. Une mission d’assistance de la sécurité civile est dépêchée aux Antilles pour appuyer les activités de ramassage. Le régiment du service militaire adapté (RSMA) sera déployé de manière exceptionnelle. En complément, des personnes sous-main de justice (TIG) seront mobilisées.
– Des actions de renforcement de la prévision des échouages : à court terme, par des survols aériens, à long terme par le développement de l’observation satellitaire notamment dans le cadre du programme européen COPERNICUS.
– La mesure régulière de la teneur en gaz le long des plages et le renforcement du dispositif de mesure. Parallèlement, le haut conseil de la santé publique a été saisi pour disposer d’un avis sur les conséquences pour la santé humain des expositions observées.
– Le lancement par l’ADEME de nouveaux appels à projets (1 M€) pour l’innovation sur le ramassage et la valorisation des algues, faisant suite aux appels à projet lancés depuis 2015.
– La poursuite du travail avec les instituts techniques spécialistes (comme l’Institut Technique Tropical – IT2 – ou le Centre d’Etude et de Valorisation des Algues – CEVA) sur la façon dont les algues peuvent être valorisées.
– La poursuite de l’identification des lieux de stockage.
– Un renforcement du programme de recherche sur les sargasses et l’établissement de collaborations internationales sur le sujet, notamment pour connaître l’origine du phénomène.
– Une réunion au niveau national avec les assureurs sera organisée afin d’indiquer les voies d’indemnisation possible pour les petits équipements électroniques et les véhicules
– L’organisation d’un évènement régional à l’automne dédié à la connaissance du phénomène et aux solutions, à l’occasion de la prochaine conférence de coopération régionale Antilles-Guyane (CCRAG), conférence annuelle qui réunit notamment les collectivités de la zone ainsi que les ambassadeurs de France dans les pays voisins.
Pour en savoir plus sur le phénomène des sargasses, lire l’article de Dominique Martin-Ferrarri:
IRD et université Aix Marseille : comprendre le phénomène de la nouvelle mer des Sargasses