Révision constitutionnelle aux Comores: Un référendum sous haute tension politique

Révision constitutionnelle aux Comores: Un référendum sous haute tension politique

Des partisans de l’opposition lors d’une manifestation contre le référendum constitutionnel, à Moroni, le 13 juillet 2018. © Youssouf IBRAHIM / AFP

Les Comores, où un référendum constitutionnel controversé doit se dérouler ce lundi, dans un contexte de tensions politiques.

L’Union des Comores, qui abrite près de 800.000 habitants, regroupe les îles de Grande-Comore, Anjouan et Mohéli, et est l’un des pays les plus pauvres au monde. D’une superficie totale de 1.870 km2, les îles Comores (« Iles de la lune », en arabe) sont situées à l’embouchure du canal du Mozambique, au large de l’Afrique orientale, dans l’océan Indien.Le volcan Karthala, qui surplombe la capitale Moroni sur l’île de la Grande-Comore, culmine à 2.361 mètres d’altitude. Islamisées depuis le XIIe siècle, les Comores comptent 99% de musulmans, majoritairement sunnites.
La nouvelle Constitution soumise à référendum lundi fait disparaître la notion de laïcité et consacre l’islam comme religion d’Etat.Les quelque 300.000 électeurs comoriens sont appelés à se prononcer lundi entre 04h00 et 13h00 GMT.

Réforme controversée

En 2016, l’ex-putschiste Azali Assoumani (1999-2006) est élu président, au terme d’un scrutin émaillé d’incidents. Sa décision cette année d’organiser un référendum constitutionnel suscite de vives tensions. Le texte renforce les pouvoirs du président et lui permet de se représenter
pour un second mandat consécutif de cinq ans, alors que l’actuelle Constitution interdit à un chef de l’Etat de se représenter à la fin immédiate de son mandat pour laisser la place à un président d’une autre île.

Tout au long de sa campagne, le président a présenté sa réforme comme une « révolution » qui doit permettre de « lever les obstacles sur la route du développement du pays », l’un des plus pauvres d’Afrique sub-saharienne. Mais son initiative a suscité la colère de ses adversaires, qui y voient une nouvelle preuve de la dérive autoritaire, selon eux, de son gouvernement.

Jugeant cette réforme « illégale », l’opposition a refusé de participer à la campagne référendaire.  Samedi, les députés de l’opposition, convoqués pour une réunion extraordinaire, ont demandé à une écrasante majorité « l’arrêt sans condition et sans délai du processus arbitraire et illégal de ce référendum ». En vain. « Le président Azali veut se tailler une Constitution sur mesure qui lui permet de faire ce que bon lui semble », a dénoncé le secrétaire général du parti Juwa (opposition), Ahmed el-Barwane.

Certains observateurs s’inquiètent du climat de tension qui prévaut et rappellent que les Comores ont traversé une crise séparatiste jusqu’aux accords de Fomboni et  l’instauration en 2001 d’une nouvelle Constitution. Celle que le pouvoir veut réviser aujourd’hui.

Le secrétaire général de l’ONU a exprimé sa préoccupation concernant la persistance des restrictions des libertés civils et des droits démocratiques. Il a exhorté le gouvernement,les partis politiques et tous les autres parties prenantes à faire tout leur possible pour faire respecter l’Etat de droit et les droits de l’Homme.

Avec AFP