Rentrée 2019 en Polynésie : Fait nucléaire, Pouvanaa et bilinguisme arrivent sur les bancs de l’école

Rentrée 2019 en Polynésie : Fait nucléaire, Pouvanaa et bilinguisme arrivent sur les bancs de l’école

©Présidence de la Polynésie française

Lors de sa traditionnelle conférence de la rentrée scolaire, la ministre de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports en Polynésie, Christelle Lehartel, a annoncé l’arrivée des essais nucléaires et de leurs conséquences dans les manuels scolaires ainsi que l’histoire de Pouvanaa a Oopa. 

« Que cela soit des points positifs ou négatifs la génération d’aujourd’hui doit être au courant de ce qui s’est passé avec le fait nucléaire », a assuré la ministre ce vendredi en Polynésie. Le fait nucléaire et ses conséquences sanitaires et environnementales devraient en premier lieu faire son apparition dans les manuels du 1er degré, plus précisément dans le cycle 3, c’est-à-dire les CM1 et CM2. Pour le 2nd degré, « c’est un peu plus compliqué », indique la ministre. Mais pour avancer sur le sujet, un comité de travail a été mis en place composé notamment d’inspecteurs des 1er et 2nd degrés.

Jusqu’ici, la période des essais nucléaires et du personnage historique Pouvanaa a Oopa sont surtout enseignés en Terminale, et dépendent aussi de la volonté de l’enseignant d’aller en profondeur ou pas. « Tous les professeurs ne consacrent pas beaucoup de temps ou d’énergie à cet enseignement pourtant obligatoire », nous expliquait Jean-Marc Regnault, Historien, rédacteur des programmes d’histoire et auteur de livres adaptés à cet enseignement.

« Les raisons en sont nombreuses, notamment la crainte de glisser sur le terrain politique ou simplement parce qu’il y a encore 15 ou 20 ans ils étaient persuadés que Pouvanaa était coupable et les essais nucléaires pas dangereux… Et il y a les enseignants de passage qui n’ont pas forcément de consacrer du temps à étudier une histoire qu’ils ne connaissent pas ». Lorsque la Chambre criminelle de la Cour de cassation a déchargé la mémoire de Pouvanaa a Oopa et donc, innocenté ce « Metua » des crimes qui lui ont été assignés, Jean-Marc Regnault demandait déjà une révision et une actualisation des manuels d’Histoire.

Concernant le bilinguisme, deux écoles et un Centre de Jeunes adolescents (CJA) sont pilotes dans l’expérimentation de classes bilingues français-tahitien. Pour la ministre, il ne s’agit pas de faire des élèves « des techniciens de la langue mais au moins qu’on puisse préserver notre langue et qu’on puisse la parler tous les jours ». Regrettant que ce dossier ait été mis de côté ces dernières années, Christelle Lehartel a dit son intention de présenter un projet de Loi de Pays afin d’officialiser le bilinguisme continu. Une classe par île ou par commune appliquerait alors le bilinguisme.