©Nicolas Perez / Radio 1 Tahiti
Ce vendredi 9 mars à Papeete, l’intersyndicale opposée à la réforme des retraites a annoncé avoir obtenu « gain de cause » auprès du gouvernement polynésien : Edouard Fritch, Président de la Collectivité d’Outre-mer, a retiré le texte de l’ordre du jour de l’Assemblée territoriale de Polynésie, qui la veille ce jeudi, avait été prise par une centaine de grévistes.
« Nous avons eu gain de cause », a déclaré Angelo Frébault, un des principaux leaders et porte-parole de l’intersyndicale, après avoir été reçu avec une délégation à la Présidence de la Polynésie française. « La majorité (le parti d’Edouard Fritch à l’Assemblée territoriale, ndlr) a décidé de retirer le projet pour qu’on rediscute plus tard », poursuit-il. Dans la foulée, le Président polynésien a effectivement demandé le retrait du texte de l’ordre du jour au Président de l’Assemblée, Marcel Tuihani. Le texte sera débattu après les élections territoriales qui auront lieu les 22 avril et 6 mai prochain. L’intersyndicale, qui a aussitôt levé la grève générale qui avait rassemblé 4 000 Polynésiens dans la rue la veille, s’est dite favorable à une réforme, après les élections, et prenant en compte la Protection sociale généralisée (PSG). Angelo Frébault a également rappelé les 17 milliards de Fcfp (142,5 millions d’euros environ) restants dans la Caisse de Prévoyance Sociale (CPS) et spécialement dédiés au paiement des 30 000 retraités polynésiens.
« En transmettant ce texte à l’Assemblée de Polynésie, j’ai voulu aller jusqu’au bout du débat démocratique », a déclaré Edouard Fritch dans une allocution. « Visiblement, certains refusent de faire face aux réalités des chiffres et du constat alarmant qui pèse sur notre Protection sociale généralisée et en particulier sur nos retraites », poursuit celui qui a longuement mis en garde face à une possible faillite du système des retraites en Polynésie, de compétence locale. « C’est une réforme indispensable et urgente » a-t-il insisté, en rappelant les « concessions importantes » faites par le gouvernement, comme sa décision de faire adhérer élus et gouvernement qui jusqu’alors, ne cotisaient pas ou encore, le maintien du départ à la retraite à 60 ans au lieu de 62 ans, comme stipulait la réforme. « Il semble qu’une tentative de déstabilisation ait été orchestrée à des fins purement politiques », condamne Edouard Fritch. Ce dernier s’est engagé à reprendre le chemin de la réforme s’il sort vainqueur des prochaines élections territoriales.
Dans l’après-midi du jeudi 8 mars, les manifestations ont notamment été marquées par l’intrusion en force d’une centaine de grévistes dans l’hémicycle de l’Assemblée territoriale de Polynésie, où la session extraordinaire qui devait examiner ce texte avait débuté. Un peloton de policiers s’est très vite interposé entre élus et grévistes, qui tantôt haranguaient les représentants de l’Assemblée, tantôt entonnaient des chants polynésiens. Le Haut-commissaire de la République en Polynésie, René Bidal, a condamné les « comportements excessifs et irresponsables qui ont été observés », tout en saluant le « professionnalisme » des forces de l’ordre et le « sang-froid » des élus présents dans l’Hémicycle. Certains d’entre eux n’ont d’ailleurs pas hésité à dégainer leurs smartphones face à un débordement qui restera gravé dans les annales historiques de la politique en Polynésie.