À deux semaines du référendum d’indépendance du 4 novembre, les stratégies et positionnements politiques de l’après consultation s’affinent. Alors que les indépendantistes entendent « aller jusqu’au bout de l’Accord de Nouméa » et demander l’organisation d’un deuxième et troisième référendum, les non indépendantistes de Calédonie Ensemble prônent la constitution d’une « nouvelle organisation politique ».
Le référendum d’autodétermination de Nouvelle-Calédonie approche à grand pas et déjà, les leaders indépendantistes et non indépendantistes se projettent sur l’après 4 novembre. Même si les préoccupations principales portent sur la bonne tenue de la consultation, chaque camp prépare sa stratégie et affine son positionnement politique pour les quelques prochaines années à venir. Du côté des indépendantistes, et malgré les sondages qui laissent entendre une majorité de NON à l’accession à la pleine souveraineté, on souhaite « aller jusqu’au bout de l’Accord de Nouméa », qui prévoit l’organisation de deux autres référendums, en 2020 et 2022. Pour se faire, 18 élus du Congrès calédonien, sur les 54 au total, doivent aller dans ce sens.
Mais pour le non indépendantiste Philippe Gomès, député UDI et fondateur du parti majoritaire Calédonie Ensemble, la stratégie des indépendantistes comporte plusieurs risques : le prolongement des tensions politiques déjà exacerbées à l’approche du référendum, l’instabilité économique et la peur des investisseurs et un délitement du vivre-ensemble, pierre angulaire du maintien de la paix en Nouvelle-Calédonie. En outre, le député calédonien déplore le risque électoral que courent les indépendantistes : avec un échec, ces derniers peuvent encore peser lourd sur l’échiquier politique calédonien, au bout de trois, la revendication indépendantiste pourrait paraître obsolète, voire injustifiée. Pour Philippe Gomès, tout se joue entre 2019 et 2024.
En effet, la priorité du prochain Congrès calédonien, qui sera constitué à l’issue des provinciales de mai 2019, sera de sortir de l’Accord de Nouméa, « transitoire ». Le député a son idée : « construire une nouvelle organisation politique et économique au sein de la République », puisque les non indépendantistes sont quasi-certains de remporter le scrutin du 4 novembre, « avec des modalités nouvelles pour l’exercice et le droit à l’autodétermination », considéré légitime même au sein de la mouvance loyaliste de Calédonie Ensemble. Devant la presse nationale, Philippe Gomès a tracé les contours de cette nouvelle organisation politique.
Une nouvelle organisation soumise à référendum
« Comment on continue à s’émanciper en restant dans la République ? » s’est interrogé le député. Dans cette nouvelle organisation, Philippe Gomès souhaite que la Nouvelle-Calédonie participe aux compétences régaliennes, chasse-gardée de l’État. Il souligne notamment la politique monétaire et de crédit, la défense de la ZEE avec la création d’un « Conseil de défense du Pays », l’installation d’assesseurs coutumiers au sein de la justice pénale, comme c’est déjà le cas au sein de la justice civile, ou encore, la « calédonisation » de l’administration régalienne. « Le but est de s’approprier ces compétences » tout en laissant la primauté à l’État. Philippe Gomès parle également de « valorisation des terres coutumières », « d’émancipation économique », de « société plus égale » et de « lutte contre la vie chère ».
Le chemin proposé par Philippe Gomès dépendra néanmoins du résultat des prochaines élections provinciales, et de la capacité de Calédonie Ensemble à trouver le consensus avec les autres formations politiques indépendantistes et non indépendantistes. Philippe Gomès prône le « consensus local », seule condition possible à l’élaboration d’une nouvelle organisation politique. Si le consensus est trouvé, cette nouvelle organisation devra être constitutionnalisée, ce qui implique la convocation par le président de la République d’un Congrès de Versailles. Dernière étape institutionnelle pour cette nouvelle organisation défendue par Philippe Gomès : un nouveau référendum pour que les électeurs calédoniens l’adoptent.