« L’avenir, c’est la préparation quoi qu’il arrive — avec ou sans troisième référendum — de la sortie de l’accord de Nouméa qui interviendra d’ici 2022 », a déclaré le président de la République Emmanuel Macron, dans son allocution à l’issue du deuxième référendum d’indépendance en Nouvelle-Calédonie.
Soulignant une « participation exceptionnelle », Emmanuel Macron a salué « un deuxième grand rendez-vous démocratique réussi ». « Je salue aujourd’hui, tous ceux qui ont contribué à la réussite du scrutin : les maires, les agents de l’État, la commission de contrôle, les observateurs de l’ONU ; je salue les forces politiques qui ont nourri cette campagne », a-t-il poursuivi.
S’il dit sa « reconnaissance » pour les électeurs qui ont porté le « non » à l’indépendance majoritaire à 53,26%, Emmanuel Macron « accueille également ces résultats avec humilité ». « J’entends la voix de celles et ceux qu’anime la volonté de l’indépendance et je veux leur dire : c’est avec vous, ce n’est qu’ensemble que nous construirons la Nouvelle-Calédonie de demain ». Le « oui » a considérablement resserré l’écart obtenant 46,74% des suffrages exprimés, contre 43,3% lors du premier référendum en 2018.
« L’avenir, c’est la dernière étape de l’accord de Nouméa », a poursuivi le chef de l’État. « Un troisième référendum est possible. C’est à vos élus du Congrès de le décider. L’État, fidèle à sa parole, se tient prêt à l’organiser si c’était leur choix », a-t-il assuré. « L’avenir, c’est aussi la préparation quoi qu’il arrive — avec ou sans troisième référendum — de la sortie de l’accord de Nouméa qui interviendra d’ici 2022. A terme, les dispositions transitoires inscrites dans la Constitution devront soit céder la place à des dispositions pérennes – si le choix du maintien dans la République est confirmé ; soit être retirées – si la Nouvelle-Calédonie choisit l’indépendance ».
« Il nous revient tous ensemble de préparer cet avenir » a encore déclaré Emmanuel Macron. « Le moment est en effet venu de répondre et d’appréhender les conséquences concrètes de tous les scénarios. Et l’État, sans se départir de son impartialité garantie par les accords de Matignon s’engagera dans cette voie ». Le Président a aussi prévenu les forces politiques calédoniennes : « que les partisans du “oui” acceptent d’envisager l’hypothèse et les conséquences du “non” ; et que les partisans du “non” acceptent d’envisager l’hypothèse et les conséquences d’un “oui” », en cas de 3ème référendum.
Appelant au « dialogue » pour « imaginer l’avenir », Emmanuel Macron a égrené les défis de l’archipel : « l’indo-pacifique ; le développement économique ; le défi climatique dont on mesure chaque jour un peu plus combien il est prégnant, urgent », mais aussi « l’éducation ; de l’agriculture, de l’industrie et de l’énergie ; du tourisme, des services et de la mer ; des alliances et des solidarités régionales ; de la sécurité au quotidien ; de l’égalité entre les femmes et les hommes ». « À tous ces défis, nous ne pouvons bien sûr répondre par “oui” ou “non” », a-t-il insisté.
EN DIRECT | Déclaration suite au second vote sur l’accession à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. https://t.co/cuacUzABPb
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 4, 2020
Déclaration du Premier ministre Jean Castex :
Deuxième consultation sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté
Ce dimanche avait lieu, conformément aux accords de Matignon et de Nouméa, la deuxième consultation sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie. Sous réserve de confirmation par la Commission de contrôle, à la question “souhaitez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?”, les électeurs ont répondu “non” à 53,26% et « oui » à 46,74%.
Cette deuxième consultation, après celle du 4 novembre 2018, confirme à nouveau l’attachement majoritaire des Calédoniennes et des Calédoniens à la France. Le Premier ministre prend acte de ce résultat et mesure, à cette occasion, combien cette confiance dans la République oblige le Gouvernement. Le Premier ministre salue la mobilisation des Calédoniennes et des Calédoniens qui, à 85,64 %, ont massivement participé à ce scrutin déterminant pour leur avenir. Cette participation est le signe et le gage de la légitimité du processus démocratique unique engagé en 1988 par Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, sous l’égide du Premier ministre Michel Rocard.
Le Premier ministre remercie tous les acteurs institutionnels, administratifs et politiques, notamment la Commission de contrôle, qui ont permis que cette consultation se déroule dans de bonnes conditions. Dans le respect des contraintes imposées par la crise sanitaire, l’engagement des élus, ainsi que de nos forces de sécurité intérieure a permis que chacun puisse exprimer librement sa conviction. Il salue enfin la présence et l’action des délégations de l’Organisation des Nations unies et du Forum des îles du Pacifique, présentes en Nouvelle-Calédonie pour attester du bon déroulement des opérations référendaires.
À toutes celles et ceux qui ont voté “oui”, il tient à adresser un message de profond respect : dans le dialogue politique qu’il engagera, à la suite de cette consultation, le Gouvernement restera fidèle à sa parole. Conformément à l’accord de Nouméa, il respectera le choix des élus calédoniens de solliciter, ou non, une troisième consultation.
Institutionnellement, la période qui s’ouvre marquera la dernière étape de l’accord de Nouméa. Les prochains mois devront permettre d’approfondir les différentes options qui s’offrent à la Nouvelle-Calédonie et d’imaginer concrètement les solutions institutionnelles mais aussi politiques, économiques et sociales sur le chemin du destin commun.
Le Premier ministre, avec le ministre des Outre-mer, y prendront toute leur part. Ils prendront prochainement l’initiative de réunir tous les acteurs disposés à travailler ensemble à la poursuite du processus de dialogue et de paix à l’œuvre depuis 30 ans.