Référendum en Nouvelle-Calédonie : Les propositions de Philippe Gomès pour « aller au-delà du oui ou du non »

Référendum en Nouvelle-Calédonie : Les propositions de Philippe Gomès pour « aller au-delà du oui ou du non »

Le député calédonien Philippe Gomès (Calédonie Ensemble, centre-droit) a appelé mercredi à « aller au-delà d’un oui ou d’un non » au référendum de novembre sur l’indépendance en proposant d’acter le « patrimoine commun » du peuple calédonien et de créer un « projet de société ».

« Limiter un projet à trois lettres, c’est un peu court », a indiqué le député devant la presse en évoquant le référendum du 4 novembre sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, rappelant que son parti Calédonie Ensemble, non-indépendantiste, défendra le « non » au référendum. Philippe Gomès a présenté un livret de 66 pages intitulé « Pour que continue à vivre le rêve calédonien », dont les propositions s’articulent autour de deux axes, celui d’avant le référendum et celui d’après cette consultation qui aura lieu le 4 novembre. Il a ainsi appelé à la signature, par les indépendantistes comme les non-indépendantistes, d’une « déclaration solennelle sur le patrimoine commun du peuple calédonien ».

« Cette déclaration commune des indépendantistes et non indépendantistes attachés au maintien de la paix et à la construction du vivre ensemble, c’est une manière d’affirmer ce qui nous unit en tant que Calédoniens, indépendamment de notre opposition sur l’avenir institutionnel », a-t-il expliqué. Une partie de la droite non-indépendantiste, Le Rassemblement-LR et les Républicains calédoniens, ont quitté le groupe « Chemin sur l’Avenir » (G10), rompant ainsi le dialogue cher au Premier ministre Édouard Philippe. « Quel que soit le résultat », les élus calédoniens indépendantistes et non-indépendantistes « devront se parler pour construire la suite pour faire en sorte qu’au-delà de ce moment binaire où certains diront oui et d’autres non, la Nouvelle-Calédonie puisse construire l’avenir avec un peuple qui souhaite, au fond, vivre et vivre en paix sur le Caillou », avait déclaré ce dernier la veille à l’Assemblée nationale.

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« Pour eux, diaboliser le dialogue avec les indépendantistes c’est flatter utilement la frange la plus radicale de leur électorat. Mais boycotter ce qui nous unit, c’est mépriser le legs de nos anciens. Ils viennent d’être rejoints par le parti Travailliste (indépendantistes, ndlr) qui a décidé de boycotter le référendum. Comme toujours, les extrémistes des deux rives se retrouvent. Or, tout notre pays s’est construit sur le dialogue. Quand on ne dialoguait pas, on a connu la violence. Quand on a dialogué, cela s’est traduit par la paix et la construction du vivre-ensemble », a également fait valoir Philippe Gomès.

Une souveraineté (…) associée à celle de l’Etat

Pourquoi les deux tendances « ne diraient pas ce qui les fédère, ce qui les unit, indépendamment de leur opposition sur l’avenir institutionnel ? On ne peut pas se limiter à un pour ou contre l’indépendance », a insisté l’élu, en évoquant les « acquis du chemin accompli en 30 ans » en termes notamment de gouvernance. Calédonie Ensemble appelle à mettre un bulletin ‘non’ à l’indépendance mais « ce n’est pas un projet, c’est juste le refus de quelque chose », a poursuivi Philippe Gomès, dont le mouvement propose ainsi de « poursuivre l’émancipation économique et politique de la Nouvelle-Calédonie, au sein de la République » avec un « véritable projet de société ».

Après les élections provinciales de 2019, « il faut ouvrir le dialogue entre indépendantistes et non-indépendantistes pour finaliser un nouvel accord qui se substituera à l’accord de Nouméa » (qui a conduit au référendum), a-t-il dit. « Ce n’est pas parce qu’un ‘non’ massif à l’indépendance va être probablement au rendez-vous que le droit à l’autodétermination s’éteint pour autant« , estime le député, selon qui le Caillou « peut être une nation sans être un État ». Il a ainsi évoqué l’idée d’un drapeau « qui nous rassemble », l’ouverture d’une citoyenneté calédonienne « trop verrouillée aujourd’hui », l’accès à une souveraineté économique, alimentaire, énergétique et institutionnelle associée à celle de l’État.

Calédonie Ensemble participe, avec les indépendantistes du Palika et de l’UNI-FLNKS, au groupe de travail sur l’avenir institutionnel de l’archipel placé sous l’autorité de l’État, qui se réunira une nouvelle fois le 23 juillet et auquel seront soumis ces textes.